À une époque où la communication numérique est omniprésente, la décision de StarTimes de retirer de son bouquet les chaînes locales Djoma TV, Evasion TV et Espace TV pour des raisons de « sécurité nationale » constitue un développement inquiétant qui mérite d’être examiné avec attention. StarTimes affirme que cette mesure est conforme aux directives des autorités compétentes, mais cette version des faits contraste fortement avec l’image d’un régime de plus en plus caractérisé par son identité de junte militaire. On est en droit de se demander si ces actions servent réellement l’intérêt public ou si, au contraire, elles ne sont qu’un prétexte pour consolider le pouvoir en réprimant la dissidence.
L’engagement de la société en faveur de la liberté d’expression et de la diversité des opinions semble superficiel, surtout lorsqu’il est mis en balance avec son acquiescement à des exigences opaques et potentiellement motivées politiquement. Cet incident est emblématique d’une tendance plus large et inquiétante en Guinée, où la liberté des médias est assiégée et la presse opère sous la constante menace de la censure. Le voile numérique qui tombe sur certaines chaînes n’est pas simplement une manœuvre d’entreprise ; c’est le symptôme d’une démocratie malade, un signal que le droit à l’information est pris en otage par les impératifs d’un gouvernement autoritaire.
Les abonnés de StarTimes se retrouvent avec une façade de diversité, mais le retrait de ces chaînes locales est un rappel sombre que le spectre du contenu se rétrécit. C’est une alerte que les citoyens de Guinée doivent prendre au sérieux : l’intégrité du discours national est en péril, alors que les canaux pour des voix diverses et indépendantes sont systématiquement démantelés. La communauté internationale, elle aussi, ne doit pas rester silencieuse, car la suppression des médias est souvent le présage de répressions plus grandes à venir.
Ibrahima Dramé pour Conakrylemag.com
— conakrylemag