
Le seul facteur de stabilité du pouvoir de la transition, c’est la prise en compte des aspirations légitimes du Peuple. Autrement, ce gouvernement brillera de son impopularité, et ne pourra contenir les mouvements sociaux, même par des tirs à balles réelles. Il est clair que les différents partis politiques réactionnaires que le CNRD veut mettre sur le banc, même s’ils sont un peu assis, ne sont effectivement assis pour le moment que pour constater dans quel sens le gouvernement veut réellement aller. Et quand ils vont constater que c’est bizarre, c’est-à-dire que leurs intérêts sont effectivement menacés, ils vont travailler en bas pour agir sous-couvert de la légitimité du mécontentement populaire.
En pareille situation, seuls les plus lucides savent que la solution est ailleurs (comme avec ce FNDC), mais quand les fonctionnaires seront dans la rue, et qu’ils auront échoué à les opposer aux autres couches sociales, parce que les étudiants et les élèves seront dans les rues, les paysans seront dans les rues, les commerçants seront dans les rues, et tout cela soutenu par les scissions dans les rangs de la grande muette ; il y aura forcément un contexte favorable à la chute d’un pouvoir.
Et pour marcher, le gouvernement doit savoir où le peuple veut qu’il aille. Si, au sein des masses, il y a du mécontentement généralisé, personne ne pourra empêcher les gens de descendre dans les rues : c’est ce qu’il faut craindre et c’est le scénario qui se dessine. Ne pas le voir, c’est faire preuve de myopie politique ou à tout le moins jouer à la politique de l’autruche.
Par Abdoulaye Sankara Abou Maco journaliste écrivain et prof