L’Inertie du Colonel Doumbouya Face à la Catastrophe de Kaloum : Un Test de Leadership Échoué
Le tragique incendie du dépôt d’hydrocarbures à Kaloum a marqué un sombre chapitre pour la Guinée, avec un bilan de 23 morts, plus de 200 blessés, et d’importants dégâts. Une semaine plus tard, le 25 décembre 2023, le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, a finalement visité la zone sinistrée. Cette réaction tardive pose des questions cruciales sur sa capacité à diriger en période de crise. Pourquoi une telle hésitation avant de s’adresser à une nation en deuil et en désarroi ?
Le Secrétaire Général de la Présidence a déclaré que le Colonel voulait « toucher du doigt les réalités du terrain » et « communier avec les personnels des sapeurs-pompiers ». Mais ces paroles semblent peu convaincantes face à l’urgence de la situation. N’est-ce pas là le rôle fondamental d’un chef d’État que d’être prompt et réactif, surtout en temps de crise ?
Le Colonel Doumbouya a certes rendu visite aux blessés dans les hôpitaux de Conakry, un geste de compassion essentiel, mais largement insuffisant. Le leadership ne se mesure pas seulement en visites après coup, mais dans l’action immédiate, la prise de parole rassurante et la mise en place de mesures concrètes pour gérer et prévenir de telles catastrophes.
Cette inertie du Colonel Doumbouya soulève des interrogations profondes. Qu’est-ce qui a motivé ce retard ? Était-ce la peur, une certaine indécision, ou une incapacité à appréhender l’ampleur du drame ? Et plus alarmant encore, est-il vraiment l’homme de la situation pour mener la Guinée à travers ces « moments assez particuliers », comme l’a déclaré le Général Amara Camara ?
L’attente prolongée avant de prendre la parole et de s’adresser aux Guinéens est symptomatique d’une gouvernance réactive plutôt que proactive. Dans le contexte actuel, où chaque minute compte, un tel retard est non seulement une faute de gestion, mais aussi un signe de déconnexion avec les besoins et les attentes du peuple.
Il est crucial de se demander si le Colonel Doumbouya et le CNRD possèdent la vision, la compétence et la sensibilité nécessaires pour naviguer dans les eaux tumultueuses de la crise actuelle. La solidarité, la foi et l’union, évoquées par le porte-parole de la Présidence, sont fondamentales, mais elles doivent être soutenues par une gouvernance dynamique, empathique et surtout efficace.
En fin de compte, la gestion de l’incident de Kaloum par le Colonel Doumbouya pose la question de la légitimité et de l’efficacité de son leadership. Un leader doit être à l’avant-garde dans les moments difficiles, guidant avec assurance et prenant des mesures immédiates. La Guinée mérite une telle direction, surtout en ces temps de défis et de douleurs.
Par Oumar Sylla pour conakrylemag.com
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