Ondes Silencieuses: La HAC et l’État-Major Censurent la Diffusion des Communications Militaires
Dans l’arène politique où l’information circule avec la rapidité d’une traînée de poudre, une nouvelle polémique prend forme en République de Guinée. La Haute Autorité de la Communication (HAC), dans un élan qui pourrait être interprété comme un baîllon sur la transparence, a récemment lancé un appel aux médias, leur demandant de cesser de relayer les communications radio des Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Selon un communiqué, ces messages seraient de nature confidentielle et non destinés à l’oreille du grand public.
Mais, quelle est la ligne fine entre la sécurité nationale et le droit à l’information ?
Cette question se dresse, tel un géant, face à une société civile déjà assoiffée de clarté dans la gestion de ses affaires publiques. La HAC, en brandissant le spectre de la violation des statuts régissant les forces armées et des dispositions du code pénal, semble oublier un pilier fondamental de la démocratie: la liberté de presse.
La diffusion des messages radio des FDS par les médias, est-ce une indiscrétion coupable ou un acte de journalisme d’investigation nécessaire ? Ce débat n’est pas nouveau, mais il prend une dimension particulière dans le contexte guinéen, où la méfiance entre le pouvoir et les citoyens semble ne pas faiblir.
L’argument de la HAC, bien que recevable sous l’angle de la protection des données sensibles, soulève cependant des interrogations quant à la réelle intention derrière cette directive. Est-ce là une tentative légitime de préserver la sécurité nationale ou, sous couvert de confidentialité, un effort pour masquer les agissements des forces armées loin du regard critique du public ?
Les médias, dans leur rôle de chien de garde de la démocratie, se trouvent à la croisée des chemins. Faut-il obéir au diktat de la HAC, ou résister en honorant leur devoir d’informer, parfois au risque de leur propre sécurité ? Le journalisme en République de Guinée, déjà un exercice périlleux, est ainsi soumis à une pression supplémentaire, testant l’élasticité de son épine dorsale éditoriale.
En effet, les messages radio des FDS, s’ils sont d’intérêt public, devraient-ils être dissimulés ? Et dans quelle mesure la censure de tels messages sert-elle l’intérêt national ou simplement les desseins d’un gouvernement qui souhaite contrôler le narratif ?
En tant que critique de ce régime, on ne peut s’empêcher de noter l’ironie d’un tel communiqué émanant d’une institution baptisée « Haute Autorité de la Communication ». Une haute autorité qui, par cet acte, semble moins chercher à réguler la communication dans un esprit de justice et de solidarité, et davantage à la restreindre.
La HAC, dans son communiqué, invite tous les acteurs de l’information à une responsabilité et un professionnalisme dans le traitement de l’information. Mais ne devrait-elle pas, en première ligne, montrer l’exemple en promouvant un débat ouvert sur les limites de la confidentialité ?
La réponse à cette équation complexe n’est pas simple, mais une chose est sûre : dans un pays où la mémoire collective est marquée par des années de luttes pour la liberté d’expression, toute tentative de restriction de l’information est scrutée avec suspicion et souvent, avec une indignation palpable.
En république de Guinée, la bataille pour l’information continue, rappelant que la vérité est souvent la première victime dans les jeux de pouvoir. La question demeure donc : jusqu’où irons-nous pour la protéger ?
Par Oumar Sylla pour conakrylemag.com
— conakrylemag