Vie politique et institutionnelle
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Débat sur la certification des partis politiques
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La publication officielle de la liste des partis politiques certifiés par le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation a soulevé de vives interrogations. 51 nouveaux partis viennent s’ajouter aux 73 déjà validés en mars dernier, pour offrir un paysage électoral “nettoyé” avant la présidentielle prévue le 28 décembre. Cependant, cette “assainissement” se fait au détriment de grandes formations historiques comme l’UFDG de Cellou Dalein Diallo ou le RPG d’Alpha Condé, toujours suspendus et dont les leaders sont en exil. Cette absence pose la question de la légitimité du prochain scrutin et alimente le sentiment d’exclusion chez une partie notable de la classe politique.news.yahoo+1
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Recours à la Cour suprême pour l’annulation du Code électoral
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Dr Faya Lansana Millimouno, président du Bloc Libéral, a déposé un recours historique devant la Cour suprême. Il conteste la promulgation du nouveau Code électoral, qu’il juge illégal, irrégulier et anticonstitutionnel, dénonçant le non-respect des procédures requises pour une loi organique. Millimouno critique la Direction Générale des Élections (DGE), qu’il accuse d’être sous influence directe du pouvoir, requérant sa dissolution au profit d’un organisme indépendant. Il met en garde contre les risques de crise sociale et politique si le processus électoral reste entre les mains d’une administration politisée.
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Réactions et analyses
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Plusieurs analystes politiques s’accordent sur la nécessité d’une participation inclusive des principaux partis pour garantir la crédibilité et la stabilité du processus démocratique. Le climat social demeure tendu, avec la crainte que l’exclusion des grands partis provoque contestations, manifestations et blocage institutionnel.
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II. Économie et industrie
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Démarrage historique du projet minier du Simandou
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Le 17 octobre marque le début effectif d’une nouvelle ère économique avec la préparation des premières exportations de fer du Simandou, méga-projet minier porté par Rio Tinto et Winning Consortium Simandou (WCS). Après 18,5 milliards d’euros d’investissement pour la construction de 650 km de voies ferrées et d’un port, la Guinée s’apprête à expédier ses premiers lots vers la Chine dès mi-novembre. 2 millions de tonnes d’un minerai de haute qualité ont déjà été stockées sur le site. L’opération promet une transformation radicale de l’économie nationale avec un boost estimé de 26% du PIB d’ici 2030 selon le FMI.lemonde+1
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Enjeux sociaux et environnementaux
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Ce développement industriel n’est cependant pas exempt de défis majeurs :
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L’extraction provoque de l’inquiétude chez les communautés locales, victimes de pollutions des sols et des eaux et d’impacts directs sur les modes de vie (pêche traditionnelle menacée, villages désenclavés mais désillusionnés).
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Les autorités et consortiums miniers tentent de rassurer en multipliant des mesures de compensation (formation locale, banques de graines pour la flore, réhabilitation progressive des terres, distribution de matériel de pêche et de nourriture), mais les retombées économiques immédiates restent concentrées sur les opérateurs et l’État.
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La question de la transparence est centrale, car les contrats entre l’État et les exploitants restent opaques, malgré l’engagement du Premier ministre en faveur d’une publication et d’une gestion transparente de ces documents à terme.
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III. Actualité sociale et humanitaire
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Retour des migrants et coopération internationale
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La Guinée procède à des rapatriements de migrants en situation vulnérable depuis les pays voisins. 148 personnes ont été rapatriées du Niger grâce à une vaste opération humanitaire coordonnée entre la Direction Générale de la Migration, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et les autorités guinéennes. L’aspect humanitaire du retour et de l’accueil des migrants reste un enjeu majeur pour le pays, alors que la crise sous-régionale des déplacements se poursuit.
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IV. Dynamique électorale et perspectives
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Vers la présidentielle du 28 décembre : enjeux, craintes et espoirs
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La Guinée s’apprête à organiser des élections présidentielles dans un climat controversé, où la transition politique engagée par la junte militaire depuis 2021 aboutit à la promulgation d’une nouvelle Constitution (largement approuvée à 89% lors du récent référendum). Les autorités annoncent la tenue du scrutin et de législatives, mais n’ont pas encore fixé de date officielle définitive. La tonalité dominante est celle d’attente et de prudence, car la normalisation institutionnelle doit passer par une réintégration des forces politiques majeures suspendues, une ouverture démocratique et des avancées sérieuses sur la question de la transparence administrative
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V. Observations et analyses complémentaires
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Montée en puissance de la Chine dans le secteur minier guinéen
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Le partenariat stratégique entre la Guinée et les groupes chinois se renforce, avec la création du consortium sino-singapourien WCS et le contrôle progressif des flux d’exportation (bauxite, fer, etc.), révélant une dépendance croissante de la Guinée à l’égard des investisseurs étrangers, notamment asiatiques.
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Impact potentiel sur la population et la société civile
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Alors que l’État table sur une “nouvelle économie” et la création de richesses, la société civile guinéenne, les ONG environnementales et les comités de village dénoncent les déséquilibres sociaux, les pertes de revenus traditionnels et réclament des compensations justes et un partage équitable des bénéfices.
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La journée du vendredi 17 octobre 2025 en Guinée est marquée par un retour du débat démocratique autour de la légitimité des élections, l’engagement et l’exclusion des principaux partis politiques, la contestation institutionnelle du processus électoral, et la concrétisation d’un projet minier majeur porteur d’espoir et de risque. Si l’État affiche ses ambitions de développement et de normalisation, les inquiétudes demeurent sur la capacité des institutions à garantir la transparence, l’inclusion et la stabilité sociale. Les prochains mois seront décisifs pour confirmer la trajectoire et l’avenir politique et économique du pays.
— conakrylemag




