TPI de Mafanco : une réquisition politique en robe noire contre Dr Sékou Condé
TPI de Mafanco : une réquisition politique en robe noire contre Dr Sékou Condé
TPI de Mafanco : une réquisition politique en robe noire contre Dr Sékou Condé
Six mois de prison avec sursis. Cinq cent mille francs guinéens d’amende. Voilà ce qu’a réclamé le parquet du Tribunal de Première Instance de Mafanco contre Dr Sékou Condé, secrétaire permanent du RPG Arc-en-ciel. Pas une condamnation, non. Pas encore. Mais une tentative d’intimidation judiciaire, déguisée en réquisition. Un avertissement. Un signal envoyé à toute voix dissidente : vous parlez, on vous encadre. Vous contestez, on vous marque.
Et la justice, docile, joue sa partition.
Parce que soyons clairs : il ne s’agit pas ici d’un procès équitable. Il s’agit d’un acte de gestion politique, habillé en procédure. Dr Condé n’est pas accusé de corruption, de vol, ni de trahison d’État. Son “crime” ? Avoir tenu un discours politique. Dans un espace public. En tant que responsable d’un parti légalement reconnu. Vous avez dit démocratie ?
Mais voilà, dans la Guinée de 2025, la parole d’un opposant dérange plus que les détournements de deniers publics. Les mots font plus peur que les armes. Alors on réagit. On convoque. On juge. On requiert. Pas trop fort, attention, juste un petit sursis, une petite amende, histoire de marquer le coup sans en faire trop. Il faut que l’exemple soit visible, mais pas trop scandaleux. Juste assez pour faire taire les tièdes.
Et dans ce bal grotesque, chacun joue son rôle. Le procureur, fidèle au régime, récite son acte d’allégeance en robe. La salle est calme. Les micros grésillent. Les caméras tournent à peine. Ce qui se joue ici n’est pas un procès. C’est un message codé.
Un message adressé au RPG Arc-en-ciel : “On vous surveille.”
Aux autres partis : “Restez à votre place.”
Aux citoyens : “Fermez-la.”
Mais au fond, cette réquisition n’est-elle pas aussi le reconnaissance implicite de l’innocence ? Car si Dr Condé avait réellement représenté un danger public, on ne parlerait pas de six mois avec sursis et d’une amende ridicule. On aurait sorti l’artillerie lourde. Là, on tente de faire passer un soufflet pour un coup de semonce. De maquiller une humiliation démocratique en procédure républicaine.
Et pendant ce temps, les véritables affaires celles qui impliquent des centaines de milliards, des barons de la transition, des mafias administratives dorment paisiblement dans des tiroirs verrouillés. Aucun procureur ne s’en émeut. Aucun juge ne s’agite. La justice guinéenne choisit ses cibles avec précision politique, pas avec impartialité juridique.
Alors non, ce n’est pas “rien”. Ce n’est pas “une simple réquisition”. C’est une pièce de plus dans le puzzle de la répression feutrée. Une tentative de faire taire, non pas en emprisonnant, mais en menaçant. Et ce genre de menace, dans une démocratie digne de ce nom, n’a pas sa place.
Mais qu’ils le sachent : les discours de Dr Condé ont déjà fait leur effet. Le procès est peut-être en cours, mais le peuple a déjà entendu. Et ce n’est pas un sursis aussi symbolique soit-il qui pourra faire oublier l’essentiel : en Guinée, parler est devenu un acte de courage. Et juger, un acte de soumission.
La transition ne se mesure pas à la durée des discours officiels, mais à la capacité du pouvoir à supporter la contradiction. Visiblement, on en est encore très loin.
— conakrylemag




