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Troisième partie : Analyse détaillée finale des protections présidentielles et leurs enjeux pour la démocratie

Voici la troisième et dernière partie de cette analyse approfondie des « articles parapluie » protégeant le Président dans la future Constitution guinéenne de 2025. Nous allons explorer en détail les derniers articles clés et les mécanismes sous-jacents, puis conclure avec une synthèse globale sur leurs implications démocratiques.

Analyse une des articles parapluie 1

Analyse deux des articles parapluie 2 


Troisième partie : Analyse détaillée finale des protections présidentielles et leurs enjeux pour la démocratie


1. Article 60 : Déclaration de patrimoine et transparence une mesure indispensable à renforcer

Le Président de la République est tenu de faire une déclaration publique de ses biens au début et à la fin de son mandat, afin d’assurer la transparence et lutter contre la corruption.

Analyse :
Cette disposition est essentielle pour garantir la responsabilité du chef de l’État et prévenir l’enrichissement illicite. Elle répond à une exigence fondamentale des démocraties modernes et participe à la confiance des citoyens dans leurs institutions.

Enjeux :

  • La déclaration doit être complète, vérifiable et publiée.
  • L’efficacité dépend d’une institution indépendante capable de contrôler ces déclarations et de sanctionner les fraudes ou omissions.
  • Dans un contexte guinéen où la corruption est souvent dénoncée, ce mécanisme est un outil important mais fragile.

Recommandations :

  • Créer une autorité indépendante chargée du contrôle des déclarations de patrimoine.
  • Prévoir des sanctions claires et dissuasives.
  • Rendre publique la déclaration et les éventuelles enquêtes pour garantir la transparence.

2. Article 61 : Responsabilité pénale du Président un équilibre délicat

Texte résumé :
Le Président de la République bénéficie d’une immunité pénale pendant son mandat pour les actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions. Cependant, il peut être poursuivi pour des crimes et délits commis en dehors de ses fonctions après la fin de son mandat.

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Analyse :
Cette immunité vise à protéger le chef de l’État contre des poursuites politiques pouvant déstabiliser l’institution. Cependant, elle ne doit pas être un bouclier pour couvrir des abus graves.

Risques :

  • La définition des « actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions » peut être large et sujette à interprétation.
  • Absence de mécanisme clair de levée de l’immunité en cas de crimes graves pendant le mandat.
  • Cela peut encourager une impunité de fait.

Recommandations :

  • Préciser la portée de l’immunité pour éviter les abus.
  • Mettre en place un mécanisme institutionnel permettant la levée de l’immunité en cas de suspicion fondée.
  • Assurer l’indépendance du système judiciaire.

3. Article 78 : Protection de la fonction présidentielle contre les contestations abusives

Texte résumé :
Les tentatives de déstabilisation de la fonction présidentielle par des moyens illégaux sont interdites et punies conformément à la loi.

Analyse :
Cet article vise à protéger la stabilité politique et la continuité de l’État. Toutefois, il doit être encadré pour ne pas servir à réprimer l’opposition politique ou la contestation démocratique légitime.

Risques :

  • Usage abusif contre les opposants et la société civile.
  • Flou dans la définition des « moyens illégaux » pouvant donner lieu à des interprétations arbitraires.

Recommandations :

  • Clarifier les termes et conditions pour éviter les abus.
  • Garantir les droits de l’opposition et des citoyens à manifester pacifiquement.

4. Article 80 : Confidentialité des communications présidentielles

Texte résumé :
Les communications et correspondances du Président sont confidentielles et protégées, sauf décision contraire de la Cour constitutionnelle.

Analyse :
La confidentialité est nécessaire pour la sécurité nationale et la conduite des affaires de l’État. Cependant, un excès peut nuire à la transparence et à la responsabilité.

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Risques :

  • Couverture excessive permettant des actes non transparents.
  • Difficultés pour les institutions de contrôle de vérifier la légalité des décisions.

Recommandations :

  • Définir clairement les limites de la confidentialité.
  • Renforcer les mécanismes de contrôle par des institutions indépendantes.

Synthèse générale et conclusion

La nouvelle Constitution guinéenne de 2025 contient plusieurs articles visant à protéger la fonction présidentielle par des mécanismes juridiques, institutionnels et politiques que l’on peut qualifier de « parapluies ». Ces protections sont conçues pour garantir la stabilité, la continuité et la dignité de la présidence, tout en prévenant les dérives institutionnelles.

Cependant, au regard du contexte guinéen actuel marqué par des fragilités institutionnelles, une histoire de régimes autoritaires et de tensions sociales ces mêmes mécanismes peuvent devenir des « pièges » pour la démocratie. Leur interprétation et application risquent d’être utilisées pour concentrer le pouvoir, limiter la responsabilité du Président, restreindre la liberté d’expression, et affaiblir le contrôle parlementaire et judiciaire.

Pour que la démocratie guinéenne puisse réellement s’épanouir avec cette nouvelle Constitution, il est crucial que ces protections présidentielles soient accompagnées de :

  • Institutions réellement indépendantes (Cour constitutionnelle, justice, autorités de contrôle).
  • Mécanismes transparents et rigoureux de contrôle et de sanction.
  • Liberté d’expression et respect du pluralisme politique garantis et protégés.
  • Culture démocratique forte favorisant le dialogue, l’alternance et la reddition de comptes.

Sans ces garanties, le « parapluie » constitutionnel pourrait se transformer en verrouillage institutionnel, mettant en danger la construction d’un État de droit démocratique en Guinée.


 

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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