
Politique en Guinée : Entre Défi Démocratique et Quête de Transparence
La scène politique guinéenne est en pleine ébullition. Au cœur des débats : la décision récente de confier l’organisation des prochaines élections au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD). Cette décision, intervenue après le coup d’État qui a renversé Alpha Condé, marque un tournant significatif dans le processus électoral du pays.
Historiquement, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) était en charge de cette mission cruciale. Cependant, dans le sillage des bouleversements politiques récents, le gouvernement intérimaire a transféré cette responsabilité au MATD, dirigé par Mory Condé. Cette démarche s’inscrit dans un contexte de transition visant à rétablir l’ordre constitutionnel dans un délai de 24 mois, conformément à l’accord conclu avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cependant, cette décision ne fait pas l’unanimité. Le paysage politique guinéen, déjà marqué par des divisions profondes, se trouve davantage fragmenté. Si certains partis politiques y voient une étape nécessaire vers la normalisation, d’autres, comme l’Union des Forces Républicaines (UFR) de Sidya Touré, ancien Premier ministre, expriment une franche désapprobation.
Pour comprendre l’ampleur de cette dissension, il convient de se pencher sur les arguments avancés par l’UFR. Fodé Baldé, responsable de la communication digitale du parti, souligne une « preuve irréfutable de partialité » de la part du ministre Mory Condé. Cette inquiétude quant à l’impartialité et à la transparence des élections est un leitmotiv dans les rangs de l’opposition. Fodé Baldé pose la question de la confiance : comment accorder crédit à des autorités qui, selon lui, ont déjà failli à leurs engagements précédents ?
Cette méfiance n’est pas isolée. D’autres partis majeurs, tels que le Rpg arc-en-ciel et l’UFDG, partagent cette position. Ce consensus au sein de l’opposition soulève une question cruciale : la légitimité des élections peut-elle être garantie dans un contexte où l’organisme en charge est perçu comme partial ?
Au-delà de la question de confiance, se pose un problème juridique. Fodé Baldé met en avant l’impossibilité pour un simple décret de modifier une norme juridique, une critique qui pointe vers un débat plus large sur la séparation des pouvoirs et le respect des cadres institutionnels en Guinée.
Dans ce contexte complexe, la Guinée se trouve à un carrefour. D’un côté, la nécessité d’une transition pacifique et ordonnée vers un gouvernement démocratiquement élu ; de l’autre, la crainte d’un processus électoral entaché par des accusations de partialité et de manque de transparence.
Alors, comment assurer que les prochaines élections reflètent véritablement la volonté du peuple guinéen ? La réponse à cette question est d’une importance capitale, non seulement pour la stabilité de la Guinée, mais aussi pour l’exemple qu’elle pourrait donner à d’autres nations africaines en proie à des défis similaires.
Peut-être que la solution réside dans un dialogue plus approfondi entre les différentes forces politiques, ainsi qu’une réaffirmation de l’indépendance et de l’impartialité des organismes électoraux. La Guinée, à l’aube d’une étape cruciale de son histoire, doit trouver un terrain d’entente pour avancer vers un avenir plus démocratique et stable.
Et vous chers lecteurs, pensez-vous que la Guinée parviendra à surmonter ces défis et à organiser des élections libres et justes dans le cadre actuel ? La réponse à cette question réside peut-être dans la capacité des acteurs politiques à transcender leurs différences pour l’intérêt supérieur de la nation.
Dramé Ibrahima pour conakrylemag.com
— conakrylemag