
Quand on parle, il me semble que les magistrats eux-mêmes ne comprennent pas. Depuis tout-petit, on nous a appris que parmi les fonctionnaires, un juge occupe une place à part. Du même niveau que Monsieur l’Abbé ou l’Imam du vendredi. Un personnage choisi pour « Casser le jugement ». Un être presque infaillible chargé de regarder dans ses gros livres et de dire la vérité. Pas n’importe quelle vérité. La Vérité sortie du tribunal.
Difficile d’expliquer cela à la nouvelle race de juges, qui font tout pour descendre de leur piédestal. Je sais que la charge est lourde, mais tout le monde attend un comportement exemplaire de la part d’un magistrat. Zéro défaut. Puisque c’est le modèle social par excellence.
Un juge pris en défaut, c’est comme si le bandit chef tuait Zorro. Impossible, inacceptable ! James Bond gagne toujours à la fin du film. Un juge pris en faute pour des vulgaires questions d’argent, on est au bord des larmes.
Mettez en doute la moralité d’un citoyen, et il vous dira « mon casier judiciaire est vierge ». Traduction : même la justice n’a rien trouvé à me reprocher. Les sommités chargées d’énoncer la vérité disent qu’il n’y a rien de répréhensible dans ma conduite sociale.
Je sais que c’est puéril, mais l’opinion publique classe la magistrature au-dessus des autres services. Pensez donc ! On regarde un juge comme étant en dehors du commandement du Président de la République. Le pouvoir d’un président finit. Le juge est toujours là et garde son capital de confiance et une espèce de sympathie craintive.
Si les juges eux-mêmes tiennent à perdre cette place privilégiée, grand bien leur fasse ! Moi je pense qu’ils devraient au moins prendre le temps d’écouter les gens. Veillez y monsieur le ministre de la Justice car là-bas c’est toujours pourri.
Bien, le monde est parfait et Canal juge !
Par Abdoulaye Sankara Abou Maco journaliste écrivain
— conakrylemag