Politique

Le succès du dialogue est à mettre à l’honneur du président Alpha Condé et du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo

Le dialogue politique inter-guinéen entamé le 22 septembre dernier,  a connu son épilogue devant un parterre de diplomates, avec de grosses lueurs d’espoirs de paix pour un pays dont la scène politique s’est souvent illustrée par des scènes de violence.  Au titre de la moisson de ces négociations, plusieurs accords chers à l’opposition ont été signés dont celui de l’indemnisation des victimes des violences électorales de ces dernières années.

Quand on sait que la seule évocation de cette seule question suffisait à donner de l’urticaire au régime de Alpha Condé, on peut dire que c’est un véritable trophée de guerre que Cellou Dalein Diallo et ses compagnons de lutte viennent d’arracher de haute lutte. En y accédant, les Guinéens soldent leurs comptes avec leur histoire récente, en expurgeant de la maison commune, les fantômes du passé. Plus intéressant encore est l’accord sur le chronogramme des élections locales, mises en berne depuis plus de 6 ans, qui permet de dessiner les lignes de l’avenir.

 

Le succès du dialogue est à mettre à l’honneur du président Alpha Condé et du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo

 

 

Au-delà de cette moisson, il faut déjà se féliciter de la tenue effective de ces pourparlers entre frères ennemis dont le langage de sourd mortifère a endeuillé de nombreuses familles en Guinée, et surtout du fait que ce dialogue est allé à son terme, malgré de houleux débats qui ont parfois frôlé le divorce. Ce succès est à mettre à l’honneur du président Alpha Condé si souvent critiqué pour sa propension à recourir à la force pour trancher les dissensions en Guinée, et du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, qui, malgré les coups reçus, a su se mettre au-dessus des vieilles rancœurs pour privilégier l’intérêt national. Pour paraphraser Mahatma Gandhi, les Guinéens semblent avoir enfin compris qu’à force d’appliquer la loi du « œil pour œil », la Guinée finira aveugle.  En optant donc de  mettre plus l’accent sur ce qui les unit plutôt que  sur ce qui les divise, ils se mettent dans la posture de fumer le calumet de la paix, en attendant la mise en œuvre de ces  accords consensuels qui permettront d’enterrer définitivement la hache de guerre. L’espoir d’une démocratie apaisée est donc à portée de main et pourrait devenir une réalité,  pour peu que les  débats  puissent se poursuivre dans le même esprit et avec la même civilité sur les points d’achoppement qui n’ont pas encore eu de solutions satisfaisantes.

Et comme pour les malheurs, les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, Dadis Camara, l’atypique chef de la junte militaire qui a présidé un temps aux destinées de la Guinée et qui vit en exil à Ouagadougou, annonce son retrait de la scène politique. En entendant de s’interroger sur les raisons de ce revirement spectaculaire qui met fin au mariage de la carpe et du lapin qu’il avait contracté avec Cellou Dalein Diallo, cette décision a l’avantage non seulement d’acter davantage l’éloignement de la démocratie guinéenne, des militaires,  mais surtout de la mettre à l’abri des feux croisés entre Dadis Camara et son frère ennemi Toumba Diakité dont les instincts revanchards peuvent mettre à mal la stabilité et la sécurité collectives en Guinée.

 

Le peuple de Guinée peut se surprendre à caresser le rêve de la paix

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Cela dit, quelles peuvent être les causes de cette décision du « réfugié de Ouagadougou » ?  Alors qu’il n’en donne pas lui-même, on ne peut que céder à la conjecture.

La première hypothèse est que Dadis Camara se serait décidé à quitter l’arène  politique suite à un compromis arrangé avec le régime Condé.  En retour de sa décision de se retirer de la scène politique, il pourrait bénéficier de l’absolution de ses péchés dans les évènements du 28 septembre 2009. Si cette hypothèse venait à se vérifier, ce serait une mauvaise nouvelle pour la Justice guinéenne qui verrait se soustraire de son rets, le chef de la junte militaire qui, malgré sa volonté sans cesse clamée de se mettre à la disposition de la Justice, n’a pas pour l’instant été blanchi de ses responsabilités et de son rôle dans le massacre du 28 septembre.  Et cela n’a d’autre nom que l’impunité. Ce serait surtout un déni de justice pour les familles des victimes qui attendent la manifestation de la vérité sur cette page sombre de l’histoire du pays, pour faire leur deuil. Moralement, ce compromis, si c’en était un, qui aurait toutes les allures d’un deal politique sur le dos du peuple guinéen,  traînerait comme un boulet au pied du régime Condé.

La seconde hypothèse serait que Dadis se serait vu contraint, à son corps défendant, de prendre cette décision en raison du rapprochement entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo.  Le rapport de forces n’étant plus en sa faveur en raison de cette mue de la scène politique guinéenne, il se peut qu’il se soit senti trahi. Dans ce cas de figure, on pourrait qualifier sa décision de sage parce qu’il aurait tiré leçon de toutes les turbulences politiques qui ont secoué sa vie.

La dernière et troisième hypothèse est que cette décision de Dadis Camara n’est qu’une ruse politique qui aurait non seulement l’avantage de faire baisser la garde à ses adversaires, mais aussi de lui permettre de regagner dans l’anonymat le bercail, après qu’il en eut été empêché en tant que leader politique.

Quelles que soient les motivations de Dadis Camara, cette décision aura pour effet de contribuer à la dissipation des nuages dans le ciel guinéen et c’est tant mieux pour le peuple de Guinée qui peut se surprendre à caresser le rêve de la paix.  La fin annoncée des réminiscences militaires dans la scène politique guinéenne, actée par cette  décision et le parfum de concorde qui se dégage du dialogue politique entre acteurs politiques, ressemblent fort bien à des volutes de fumée blanche qui montent des sommets du Fouta Djallon  pour annoncer la fin des hostilités et le retour de la paix en Guinée. Pour peu que la bonne volonté et la bonne foi des acteurs y soient, ces signaux ne sauraient être un mirage.

 

« Le Pays »

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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