Après tous les remous sociopolitiques qu’a connu la Guinée, il faut promouvoir le besoin du vivre ensemble qui passe nécessairement par une réconciliation, qu’importe la voie à suivre. Mais qu’on ne se trompe pas. Les populations réunies sous le vocable « peuple » ne sont point déchirées. C’est la classe politique animée par des partis dont la vocation est de conquérir et de gérer le pouvoir d’Etat, qui est en ébullition. Le besoin de vérité mis en avant pour aller à la réconciliation, ne peut être satisfait que par les acteurs de cette classe politique.
Je pense qu’une bonne dose de courage et de bonne volonté patriotique (pas politique) peut permettre de faire la lumière sur tous les événements qui ont marqué la vie sociopolitique du pays et qui font toujours l’objet de ce qu’il est convenu d’appeler « les dossiers pendants de la République » dont la résolution pour une réconciliation vraie, ont des allures de serpent de mer.
Je pense qu’avec courage, les acteurs-clés de la vie politique nationale peuvent éclairer le peuple sur ce qui s’est passé tout au long de l’évolution politique de la Guinée, singulièrement depuis les années 60. Des anciens membres du PDG sont vivants, saints de corps et d’esprit. Qu’ils se mettent à table et livrent leur part de vérité sur les tenants et aboutissants des événements qui ont émaillé ce pan de l’histoire politique du pays. Des membres du CMRN sont aussi en vie, saints de corps et d’esprit, pour apporter des éclairages sur la période de 1984 à 2008. Et pour la période des régimes qui ont suivi à nos jours, des leaders à des degrés divers sont toujours là saints de corps et d’esprit, et devraient témoigner dans cette recherche de la vérité. Les dossiers « pommes de discorde » qui couvent encore sous la cendre connaîtraient à coup sûr de grandes avancées parce que les témoignages donneraient des pistes pour mieux comprendre.
Je pense que la vérité, toute la vérité, est donc à la portée de main des Guinéens pour peu que chacun dise sa part de vérité, rien que sa part de vérité, à commencer donc par les leaders politiques parce qu’en dehors du nomadisme politique opportuniste qui a amené certains à changer de veste, de couleur, de sigle ou de langage, c’est la même classe politique qui dirige le pays. Leur silence général n’est pas propice à la manifestation de LA vérité. Un adage populaire dit que « la vérité se trouve devant la porte de ta case. Tu l’enjambes en sortant et en rentrant, jusqu’à ce qu’un jour quelqu’un la ramasse et te la donne ». Dans cette affaire de vérité en Guinée, la nation entière attend toujours ceux qui vont la ramasser et la lui donner, tout simplement.
Je pense que pour cela il faut un sursaut au-delà des jeux politiques dominés par des règlements de comptes nourris par des inimitiés ethniques. Dans ce contexte de regards en chiens de faïence, la Guinée s’enlise dans les sables mouvants des combats politiques au sens propre. Le pays mérite une meilleure gouvernance. Cette gouvernance ne pourra se faire qu’avec une classe politique qui ferait la politique avec un supplément d’âme et un zeste de morale. Si la politique est faite par et pour les hommes, elle doit obligatoirement avoir un visage humain. C’est cette politique-là qui favorisera l’unité, l’union sacrée entre les filles et fils du pays, indispensable au développement !
— conakrylemag