
Beaucoup d’acteurs politiques ou de la société civile affirment qu’ils sont en train de mener des démarches pour obtenir la libération des détenus politiques.
Mais la question qu’il faut se poser est de savoir quels sont leurs interlocuteurs dans leurs démarches. Il est théoriquement invraisemblable que ce soit les magistrats puisque ce serait une sorte d’interférence dans le traitement des affaires judiciaires. Leur interlocuteur serait-il donc le Président de la République ou un ministre?
Très souvent, lorsqu’on de demande aux Chefs d’État de mettre fin aux ennuis judiciaires de leurs opposants, ils répondent invariablement que » le principe de la séparation des pouvoirs est consacré; que partant de là, la justice est donc indépendante; qu’ils ne peuvent pas se mêler des affaires judiciaires ; qu’il faut laisser les magistrats faire leur travail. » Mais personne n’est dupe au point de croire à ces belles paroles; on sait que ce ne sont là que des formules creuses et que dans la pratique, la justice en Afrique est parfois au service du pouvoir politique. C’est dire que la solution à ces affaires qu’on peut qualifier de politico-judiciaires est souvent plus politique que judiciaire. La justice intervient dans un jeu dont elle ne maîtrise pas souvent tous les aspects, tous les contours.
Quoi qu’il en soit, en Guinée comme ailleurs en Afrique, c’est la justice qui doit se faire respecter en restant ce qu’elle doit être, en refusant de se laisser instrumentaliser et de prendre parti dans les querelles politiques. Elle doit demeurer cet arbitre neutre et impartial auquel on fait recours pour régler les conflits quelle qu’en soit l’origine. En d’autres termes, elle doit se placer au-dessus de la mêlée.
Dans tous les pays, même les plus avancés sur le plan de la démocratie, il peut y avoir de la part des dirigeants une volonté d’anéantir par tous les moyens leurs adversaires. Mais quand le pays peut compter sur une magistrature consciente de sa mission, toutes les tentatives de musèlement de l’opposition, de restrictions des libertés individuelles sont vouées à l’échec. La justice devient en quelque sorte le rempart contre toutes les formes d’abus.
Sauf que c’est plus facile à dire qu’à obtenir.