Chronique de la monstruosité quotidienne !
On te met à terre, on te fracasse, on te démolit et si, malgré tout, au bout du calvaire, après des décennies de douleurs apophantiques, tu es toujours de ce monde, il se trouvera quelqu’un pour te rappeller et te soumettre à des obligations morales, pour t’indiquer le chemin par lequel tu devrais tout faire pour réparer une situation tragique que tu n’as pas créée.
Même meurtrie dans ta chair et dans ton âme, c’est toujours toi qui devrais faire ceci, faire cela, aller demander pardon. Même au bout des épreuves les plus profondes qui décuplent le dégoût de vivre, quand tu espères enfin respirer, retrouver ton souffle perdu au fil des années de questions sans réponses, il s’en trouvera quelqu’un pour te faire la morale et exiger que tu poursuives l’épreuve de l’humiliation jusqu’à la lie !
Comment sommes-nous faits, qui sommes-nous pour que chez nous, le calice amer, les devoirs ce soit toujours la part et le fardeau pour les autres, pour les plus faibles, pour les victimes ? Avons-nous perdu le nord, le sens de l’humanité, le sens de la dignité ? Avons-nous perdu tout repère éthique, toute décence, tout respect de l’humain ? Est-ce possible d’être plus cynique, plus indécent, plus immoral ?