
Ce pouvoir vient de confondre 2 domaines de réparation historique, bien distincts que sont la RÉPARATION MATÉRIELLE et la RÉPARATION MÉMORIELLE.
La réparation matérielle relève de l’équité entre les vivants, tandis que la réparation mémorielle est une exigence d’équité entre les morts par respect de la conscience des vivants et par précaution de transmettre aux générations futures un présent équilibré.
Dans l’attente ou dans l’impossibilité de parvenir à la réparation mémorielle, on peut faire acte(s) de pénitence devant mausolée(s) et/ou charnier(s) mais dans le strict respect des différents ressentis, ce qui implique de ne pas trancher par une convocation impromptue du Passé dans l’échiquier du Présent.
Cela réduit les pénitences à un jeu à sommes nulles, et dans la reconstruction d’un pays aussi fracturé que la Guinée, il n’y a guère place au jeu , car il se réduit à la roulette russe sur les temp(e)s d’avenir sur une mémoire ébranlée, ébréchée, chancelante et même falsifiée.
Nous venons donc de voir accomplie la mise à mort de cette chance que nous avions de voir cette Transition à la hauteur des enjeux et de la nécessité de la réparation mémorielle.
Bien dommage pour le CNRD, et ceux qui avaient à coeur qu’il en soit ainsi, car, si c’était pour grandir Sékou TOURÉ, ils auraient inscrit leur démarche dans le consensus d’une Concertation Nationale dans ce sens.
Ils viennent de s’en disqualifier, et c’est dommage, car c’était bel et bien à leur portée.
Ce chantier échappe désormais à leur ambition de refondation consensuelle, et tombe dans le champ du forceps, pour cette Transition.
Sékou TOURÉ lui-même savait pertinemment et de son vivant qu’il ne pouvait assumer certains actes, ne fût-ce que de confirmer objectivement et nommément la mort de ceux qui furent exécutés par ses tribunaux illégaux.
Sidikiba Keita
— conakrylemag