
Crise à la Féguifoot : quand le CNOSG appelle à l’unité… pour sauver ce qu’il reste d’une fédération au bord du gouffre
En Guinée, les crises ne s’arrêtent jamais. Mais quand elles touchent le football, véritable opium populaire, l’affaire devient nationale. Aujourd’hui, c’est la Fédération Guinéenne de Football (Féguifoot) qui sombre dans le chaos institutionnel. Devant l’ampleur du désastre, le Comité National Olympique et Sportif Guinéen (CNOSG) s’est vu contraint d’intervenir, appelant dans un communiqué au rassemblement de tous les acteurs « pour préserver l’intégrité de l’institution et garantir la stabilité ».
Autant dire qu’ils appellent à l’unité dans un stade déjà à moitié vide, où les joueurs ont quitté le terrain depuis longtemps, et où l’arbitre est introuvable.
La Féguifoot : un navire sans capitaine, sans gouvernail, mais avec beaucoup de trous
Le football guinéen est à l’image de son pays : prometteur mais gangrené par les crises internes, la mauvaise gestion et les querelles personnelles. Aujourd’hui, la fédération est plongée dans une crise profonde, où les intérêts individuels et les ambitions personnelles prennent le pas sur le développement du sport roi.
Entre accusations de détournements financiers, querelles intestines et ingérences politiques flagrantes, la Féguifoot ressemble à une série dramatique à épisodes interminables. Le résultat ? Un football local paralysé, des championnats sans visibilité, et une jeunesse sacrifiée au profit de jeux politiques mesquins.
Le CNOSG tente une médiation désespérée
Le Comité Olympique et Sportif, en appelant à l’unité, tente désespérément de sauver les meubles. Mais soyons réalistes : le communiqué du CNOSG ressemble à un simple pansement posé sur une jambe cassée. Peut-on vraiment sauver une fédération minée par des années de conflits, d’opacité financière et d’ingérence systématique du politique ?
Le CNOSG sait pertinemment que son appel est un vœu pieux. Il sait surtout qu’il est contraint de jouer les pompiers de service pour donner l’impression d’agir face à l’effondrement annoncé de la Féguifoot.
Des dirigeants incapables de dépasser leurs divisions
Le football guinéen mérite mieux que des dirigeants qui confondent gestion sportive et règlements de comptes. Cette crise institutionnelle n’est pas tombée du ciel : elle est le fruit de décennies de gouvernance calamiteuse, de mauvaise gestion des ressources financières et de clientélisme outrancier.
Les acteurs du football en Guinée ne cherchent pas à unir mais à diviser pour mieux régner, quitte à sacrifier l’avenir sportif du pays sur l’autel de leurs ambitions personnelles. Et pendant ce temps, les joueurs, entraîneurs et supporters, eux, sont abandonnés à leur triste sort.
Quand le sport devient l’otage de la politique
Au cœur de cette crise, une évidence criante : le football guinéen est depuis longtemps pris en otage par le pouvoir politique. Chaque gouvernement utilise la Féguifoot comme un instrument pour étendre son influence, placer ses hommes et contrôler un secteur stratégique.
Résultat : une fédération dépouée de toute autonomie réelle, où chaque décision sportive doit passer par le filtre politique. Aujourd’hui, la crise à la Féguifoot n’est rien d’autre que le reflet parfait d’un pays où tout, y compris le ballon rond, devient politique.
Le football guinéen mérite mieux
Les joueurs méritent des terrains dignes, des championnats réguliers, des infrastructures modernes, et surtout une fédération stable, transparente, qui ne dépend pas des querelles politiques. Les supporters méritent des matchs enthousiasmants, une équipe nationale performante et un football national qui fait leur fierté.
Au lieu de cela, ils ont droit à des crises, des scandales et des appels creux à l’unité, lancés depuis des bureaux climatisés loin des réalités du terrain.
Alors oui, le CNOSG appelle à l’unité.
Mais soyons lucides : tant que les pratiques ne changeront pas radicalement, tant que le sport restera sous tutelle politique, tant que les mêmes dirigeants s’accrocheront aux mêmes postes, la Féguifoot continuera d’aller droit au mur.
En Guinée, le football n’est pas malade de division. Il est malade d’abandon, de gestion opaque et d’ingérence permanente. Et ce ne sont pas des appels à l’unité qui régleront le problème, mais un véritable nettoyage des pratiques et des hommes. Sans cela, la crise actuelle ne sera pas la dernière.
— conakrylemag




