Politique

Crise à l’UFDG, son exclusion, grève générale, relation avec Alpha Condé, Bah Oury dit ses vérités.

L’ancien exilé politique et récemment exclu de l’Union des forces démocratiques n’excluent pas de convoquer un congrès extraordinaire du parti. Bah Oury assure au cours d’une interview qu’il nous a accordée de faire de recours à la justice contre son exclusion du parti qu’il a fondé. Médiation Hall Pular, crise à l’UFDG, son exclusion, grève générale, relation avec Alpha Condé, Bah Oury dit ses vérités.

Aminata.com: une grève générale est déclenchée par l’inter-centrale syndicale, qu’en pensez-vous?

Bah Oury: je pense que la situation économique et sociale est très difficile à l’heure actuelle. Notre pays durant ces trois dernières années a connu une période de croissance économique presque nulle voire négative du fait de la crise politique en 2013 et particulièrement de la crise hémorragique de la fièvre Ebola en 2014 et 2015. Ces doubles causes ont abouti à une croissance nulle et les perspectives relativement pessimistes. Par conséquent la situation de la grande majorité de la population est très difficile avec un pouvoir d’achat qui s’est amenuisé durant ces années. Il est tout à fait logique et compréhensible que l’inter-centrale syndicale exprime son désir de voir une revalorisation de pouvoir d’achat des travailleurs de manière générale.

Jusqu’ici l’inter-centrale et le gouvernement ont deux positions inconciliables. D’une part les leaders syndicalistes réclament une baisse du prix du carburant à cause de la chute du baril sur le marché mondial et les autorités qui ne sont favorables parce que selon elles les caisses de l’Etat sont vides. Quelle analyse faites-vous de ces deux positions complètement divergentes?

Je parlerai beaucoup d’une question de méthode et d’approche globale. La situation économique de manière globale est très difficile en Guinée. Les équilibres macroéconomiques ont été rompus, la situation sociale est difficile, la pauvreté s’est accentuée et les autorités gouvernementales devraient encouragées une vaste concertation avec les acteurs tant politiques, économiques et sociaux pour prendre en compte l’ampleur des difficultés qui assaillent la Guinée d’aujourd’hui.

Ce n’est qu’à partir de ce moment à la suite d’un diagnostic responsable et objectif pour savoir ce qui est possible de faire. Faire un plan d’actions prioritaires à la suite d’un consensus général pour le proposer aux bailleurs de fonds bi et multilatéraux pour que la Guinée puisse bénéficier d’une aide substantielle pour faire face à cette crise. Je pense que c’est cette approche globale qui permettrait de faire ressortir les mesures les plus idoines tant sur le plan économique que sur le plan social afin de faire avancer la situation économique.

Donc selon vous l’apport de la communauté internationale est indispensable

Il appartient aux acteurs guinéens que nous sommes de définir nos problèmes, les grands axes prioritaires pour faire face à une situation d’urgence. Dans un second temps demander l’aide de la communauté internationale pour faire face à cette situation. C’est l’une des manières à mes yeux qui permettraient de ne pas faire de mesures qui sont contradictoires.

Les autorités ayant une vision comptable c’est-à-dire le déficit budgétaire il faut le combler donc il faut rechercher des recettes. Les recettes n’existant que là où il y a des ressources c’est-à-dire les ménages et les entreprises. Par conséquent, ces ménages qui ont de difficultés à subvenir à leur besoin se retrouvent doublements pénalisés.

Les entreprises qui doivent penser à la modernisation de l’outil de travail, à faire face à cette compétition internationale se retrouvent dans la volonté gouvernementale d’accroitre les recettes avec des TVA qui risquent dans une certaine mesure de plomber la relance économique.

Il y a deux logiques différentes qui risquent d’anéantir toute possibilité de relance de l’économie de manière générale. C’est la raison pour laquelle il faudrait une concertation globale, un dialogue social et économique sérieux pour mettre en place un programme prioritaire.

Vous désapprouvez les mesures d’austérité du gouvernement qui a notamment augmenté la TVA?

Je considère qu’on ne peut pas dissocier les mesures. Il y a l’effet de la TVA c’est augmenter les recettes publiques parce que ces recettes sont presque inexistantes à l’heure actuelle.

Mais augmenter les recettes de cette manière c’est accroitre les difficultés pour les consommateurs qui auront à payer l’augmentation de la TVA, donc de ce point de vue c’est un pouvoir d’achat amoindri pour les travailleurs. C’est la raison pour laquelle il faut faire attention aux mesures qui sont prises parce que chaque mesure peut avoir un effet positif d’un côté et avoir un effet négatif si vous regardez de l’autre côté.

A l’heure actuelle il faut rechercher l’équilibre entre l’économique et le social pour ne pas accentuer les difficultés du pays.

L’opposition accuse le pouvoir d’avoir augmenté le déficit notamment avec la mauvaise gestion des ressources du pays. Elle reproche au gouvernement d’Alpha Condé d’avoir dilapidé les caisses de l’Etat lors de la campagne présidentielle. Qu’en dites-vous?

Tout est possible. Moi ce qui m’intéresse, ce que notre pays puisse résoudre les problèmes qui sont à l’heure actuelle. Ce qui est fait, est déjà fait. Ce que nous devons faire maintenant pour que nos populations ne sombrent pas encore dans une pauvreté la plus insoutenable.

Il faut prendre de mesure, il faut changer de cap, prendre les bonnes décisions afin que les Guinéens ne voient pas leur souffrance s’accentuer au contraire il faut chercher à ce que ces souffrances diminuent. On connait les causes.

Quelles sont ces causes?

On connait comment la situation économique est depuis très, très longtemps, c’est toujours la même situation. Mais il y a une mal gouvernance qui est endémique. Raison pour laquelle il faut changer de méthode de gestion, il faut changer de méthode de conception de la manière à résoudre les problèmes.

C’est pour cela, je vous ai parlé de la nécessité d’une concertation approfondie entre des acteurs suffisamment responsables pour que le diagnostic soit global et que les mesures qui vont être prises pour apporter des solutions qui tiennent compte la nécessité de réduire le déficit budgétaire.

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Il faut tenir compte aussi de la nécessité d’avoir un équilibre vis-à-vis des populations qui ont souffert et continuent de souffrir. Cet équilibre nécessite ce dialogue social et économique. Dans un second temps, comme les ressources internes ne suffisent pas pour financer ces programmes qui pourront être mis dans le cadre d’un programme d’urgence prioritaire, il faudra à l’aide internationale donc, à la communauté internationale.

Souvent, l’aide internationale est conditionnée à des mesures d’austérité?

Chaque gouvernement est suffisamment responsable. Il y a la souveraineté dans la prise de décisions de certaines mesures qui nécessitent de faire face à des problèmes qu’un pays connait. C’est à nous de savoir où est-ce qu’il faut serrer la ceinture ou, où est-ce qu’il faut lâcher du lest pour que nos populations ne continuent pas de souffrir. Quels sont les niveaux de baisse ou de hausse dans certaines denrées.

Selon une décision de la direction nationale du parti, vous a été exclu de l’UFDG. Est-ce que vous vous réclamez toujours vice-président de ce parti?

Je suis aujourd’hui et demain, parlons surtout d’aujourd’hui, je suis le premier vice-président de l’UFDG, le numéro deux qui remplace le président en cas d’empêchement ou d’absence. J’ai le mandat des peuples militants de l’UFDG qui m’ont élu dans le cadre d’un congrès. La question d’une exclusion à mes yeux et au regard du statut n’est pas valide.

Qu’est-ce qui est à l’origine selon vous de votre exclusion?

Je ne vais pas remonter plus loin que ça. Mais quoi qu’il en soit la volonté de réforme de l’UFDG devient de plus en plus une question prioritaire essentielle parce qu’avec cette gouvernance dont on voit les méfaits, c’est le naufrage total de l’UFDG qui est programmé. Je ferai en ce qui me concerne avec ceux qui croient en moi tout ce qu’il faut pour sauver l’UFDG de naufrage.

Etes-vous du même avis que certains de vos proches qui disent que Cellou Dalein est pris en otage par un clan?

Je ne vais pas me prononcer. Je considère que chaque responsable politique est suffisamment responsable pour être en mesure de répondre de ses actes et de répondre des décisions qui sont prises par lui-même et son entourage.

Allez-vous déposer de recours à la justice contre votre exclusion?

Aucun recours n’est exclu pour permettre à l’UFDG de sortir de ce blocage et certains passages actuels.

La semaine dernière, votre arrivée au siège de l’UFDG s’est soldée par la mort de notre confrère, Elhadj Mohamed Diallo. Que répondez-vous à ceux qui disent vous avez au moins une responsabilité morale dans cette affaire?

Je pense que ceux qui ont une responsabilité morale et pénale c’est ceux qui ont occasionné à ce qu’il y aient des gens armés de gourdin, de coupe-coupe, buvant de l’alcool et fumant de la drogue dans l’enceinte du siège du parti. C’est une faute grave de ceux qui sont censés appliqués et faire respecter la charte des partis politiques en Guinée.

Deuxièmement j’ai été l’objet d’une agression physique par des gens qui m’ont assuré un coup sur la tête. Heureusement le coup a été amorti par une main qui était à côté. La personne qui me protégeait des jets de pierre, à ma place a reçu un coup de poignard dans le dos. Un coup de feu qui était certainement dirigé contre moi a abattu le jeune journaliste Mohamed Diallo. Donc, j’ai fait le vendredi 5 février l’objet d’une tentative d’assassinat.

Moralement vous ne vous reprochez pas au moins du fait que c’est vos guéguerres avec Cellou qui ont conduit à la mort de notre confrère?

Donc, il fallait que je reste chez moi, que je me couche et laisser les gens faire de n’importe quoi de l’UFDG. S’ils avaient ouvert les portails est-ce que cela serait arrivé. Non, c’est parce qu’il y avait de l’autre côté une volonté délibérée d’assassinat, de faire du mal, d’user de la violence. Je pense que la justice ira jusqu’au bout de son travail. Je souhaite que la justice soit totalement impartiale, transparente pour que toute la lumière soit faite et que les responsabilités soient situées.

Est-ce que vous allez continuer à vous rendre aux réunions des instances du parti?

Pour le moment la situation est entre les mains de la justice. Laissons-faire la justice

Quand ces réunions des instances du parti vont reprendre, allez-vous insister à y participer?

Laissons faire la justice on verra ce qu’il faudra faire après.

L’organisation d’un congrès extraordinaire est-il exclu?

Le moment viendra où tout cet agenda pour l’UFDG soit pris en compte. Pour le moment une affaire judiciaire d’une extrême complexité et d’une extrême gravité est en cours. Donnons le temps à la justice pour que les enquêtes se déroulent en toute transparente. Dans quelques jours ou dans une semaine on verra ce qu’il faudra faire exactement de manière beaucoup plus précise.

Est-ce que c’est exclu pour vous de convoquer un congrès extraordinaire?

Un congrès nécessairement devra au moment le plus opportun parce que la situation de l’UFDG est actuellement d’une extrême gravité, seul un congrès extraordinaire dûment convoqué permettra de faire revenir l’élan de rassemblement d’une vision constructive de l’UFDG

Serez-vous candidat pour la présidence du parti lors d’un congrès extraordinaire?

Pour le moment laissons le temps et la justice se faire. Je suis porteur d’un projet pour l’UFDG, le moment venu je serai certainement dans mon droit et avec le soutien de la majorité de dire je suis prêt à faire de travail qui consiste à faire des réformes en profondeur de l’UFDG, à faire une UFDG qui gagne, une UFDG qui va au-delà des clivages traditionnels. Donc, je ne vais pas abdiquer devant ma responsabilité de confier à d’autres le soin de ce que moi-même dois faire maintenant.

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Selon vous actuellement quelle est la place de Cellou Dalein Diallo à l’UFDG?

Je ne peux pas répondre à cette question. Seul Dieu sait ce que sera …

Quelle est sa place actuellement?

Il est officiellement le président de l’UFDG.

Est-ce que vous le reconnaissez?

Quand est-ce j’ai dit que je ne le reconnais pas.

Peut-être du fait qu’il vous exclut?

De toutes les façons il a tort, il a violé le statut et les résolutions du congrès. De ce point de vue, le moment venu l’UFDG se prononcera en toute sérénité.

Lors d’un congrès extraordinaire?

Pourquoi pas? Mais pas le congrès que lui-même [Cellou Dalein, ndlr] va convoquer. Pour le moment, il y a des situations des crises majeures. Il y a une situation judiciaire qu’il faudra éclaircir.   Il y a une dynamique de refondation du parti sur des bases plus saine, plus ouverte, plus moderne.

De ce point de vue on devra demander l’implication, la participation de toutes les forces qui se reconnaissent en l’UFDG. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’un congrès extraordinaire pourrait être valablement convoqué pour permettre à l’UFDG de reprendre sa vocation d’être un parti leader, un parti qui rassemble, un parti qui gagne?

Avec l’assassinat de notre confrère au siège de l’UFDG ne craignez-vous pas que le parti soit suspendu ou dissous?

Dans ce genre de circonstance, il y a la responsabilité pénale et la responsabilité individuelle des personnes qui sont incriminées. Ce n’est pas à l’institution de supporter les conséquences et les dérives des quelques individus. C’est à eux de répondre devant la justice et non pas l’UFDG en tant qu’institution.

Selon un communiqué de la direction nationale du parti, des ressortissants de Pita se sont rendus au domicile de Cellou Dalein Diallo. Est-ce que vous n’avez pas perdu le soutien de votre préfecture natale?

Si des ressortissants de Pita vont le rencontrer où est le mal. Des ressortissants de Pita sont venus me rencontrer le vendredi dernier je n’en fais un communiqué. Je ne suis pas pour la mamaya je veux de choses sérieuses. Je sais ce que je représente pour l’UFDG j’assumerai mes responsabilités en la matière jusqu’au bout.

Etes-vous favorable à une médiation de la coordination Hall Pular pour concilier vos positions comme c’est fut le cas en 2014?

Concilier quelles positions? Ils ont pris de mesures antidémocratiques, ils ont violé le statut du parti, de ce point de vue d’abord c’est à eux de réparer les tords qu’ils ont fait à l’institution et des tords qu’ils ont fait à des individus qui sont des responsables de ce parti. Le reste on verra par la suite.

Donc vous n’êtes pas favorable à une médiation?

Une médiation n’est nécessaire que dans la mesure où elle permet de faire avancer les choses. Pour le moment des tords ont été faits, une personne a été tuée, il y a eu une tentative d’assassinat sur ma personne, des personnes ont été exclues de ce parti. Que ceux qui ont fait des tords réparent ce qu’ils ont fait. Après on parlera de la suite.

Mais une médiation pourrait par exemple régler le problème des membres exclus du parti?

Ce qui est possible, pourquoi pas? Mais tout doit se faire dans le respect des règles, dans le respect du droit. Lorsqu’on dirige une institution on ne peut pas se permettre de prendre des décisions à l’emporte-pièce parce que c’est la responsabilité qui engage toute une institution. A partir du moment où il s’avère qu’on a de comportements et des attitudes qui nuisent à l’intérêt à cette institution, il faudra en tirer toutes les conséquences.

Actuellement quel est le niveau de vos relations avec chef de l’Etat?

Les relations sont au beau fixe. Il gouverne, il est le président de la République. Il est en situation de responsabilité. Moi je suis de l’UFDG, j’ai de problèmes avec certains membres de l’UFDG, je dois régler ces problèmes après on verra comment parler des autres problèmes, de mes relations avec les autres.

Vos détracteurs pensent que vous avez changé de discours?

Chacun est libre de dire que tel a changé de ton et de discours.

Avez-vous changé de discours?

C’est aux autres de juger. Je n’ai pas changé de discours, mon discours est cohérent en relation avec les principes de réalité, de l’intérêt de mon pays que je mets en avant au-delà des intérêts partisan et clanique. J’ai toujours défendu cet intérêt national. Certains se réveillent aujourd’hui puisque je ne partage pas leur point de vue pour caricaturer mes positions mais libre à eux de dire ce qu’ils veulent.

On vous accuse de vouloir réveiller des vieilles querelles entre Pita et Labé. Qu’en dites-vous. Qu’est répondez-vous?

Laissons-les dire ce qu’ils veulent dire. Je ne rentre pas dans cette polémique stérile, de vision archaïque de la société guinéenne. Je pense à la Guinée. Je pense à la position de la Guinée sur la chaine internationale. Je ne veux pas me ramener à des querelles entre telle sous-préfecture et telle autre. Je ne suis pas à ce niveau-là.

Votre mot de la fin?

J’ai confiance en l’avenir de mon pays. J’ai confiance en l’UFDG, avec beaucoup d’autres nous allons le redéfinir, nous allons le réformer pour que l’UFDG dans le contexte actuel de notre pays soit un parti moderne, un parti qui sera un contre-pouvoir efficace et un parti qui sera constructif et qui va se tourner vers l’avenir et la modernité.

Source : Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo pour Aminata.com

 

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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