Depuis quelques jours, de nombreux témoignages font état de descentes musclées d’hommes en uniforme dans certains quartiers de la Commune de Ratoma. Cette opération s’inscrirait dans le cadre de la lutte contre le banditisme et en particulier la consommation de drogue. Vue sous cet angle, c’est une opération que l’on pourrait qualifier de salutaire. La sécurité des personnes et de leurs biens est l’une des missions régaliennes de l’Etat. Il est important de noter cependant qu’elle (l’opération) soulève de nombreuses interrogations.
En effet, c’est au lendemain des violentes manifestations des 28 et 28 juillet que l’opération a commencé alors que les endroits jugés criminogènes existaient bien avant. On pourrait donc se demander si le but de ces actions n’est pas de tuer dans l’œuf toute velléité de contestations dans les prochains mois en matant d’éventuels « fauteurs troubles » et des supposés meneurs.
De même, selon divers témoignages, cette opération a plus l’allure d’une expédition punitive liée à d’autres motifs qu’à une lutte contre la banditisme. Sinon, ce phénomène existe également dans d’autres communes de la capitale et des environs.
Enfin, ce sont les méthodes qui sont le plus décriées. En effet, des cas de violences et d’exactions sont signalés dans plusieurs quartiers. Ce qui est de nature à choquer et à accroître le fossé de la haine entre les forces de l’ordre et les habitants de ces quartiers. Certains parlent déjà de ciblage contre une catégorie de citoyens pour ne pas dire une communauté. Comment ne pas y croire au regard des conditions dans lesquelles tout cela se déroule.
Il est temps que des dispositions soient prises par les autorités compétentes afin que les forces de l’ordre se conforment à la loi dans l’accomplissement des missions qui sont les leurs. La réforme du secteur de la sécurité doit se traduire aussi par la manière dont les hommes en uniforme se comprennent vis-à-vis des civils.
— conakrylemag