
Depuis quelques semaines, une « guerre » fait rage sur Facebook autour du rap guinéen. Au-delà des clashs plus ou moins violents que les artistes se font, j’ai deux observations:
1- les querelles politiques se sont insidieusement glissées dans le débat mettant quasiment de côté les productions, souvent les talents artistiques. Au premier frémissement de l’avis d’un fan, on est écorché par son appartenance à l’opposition ou à la mouvance. Le discours artistique se trouve emprisonné, empoisonné par les manipulations politiques et par extension les clivages ethniques.
2- les artistes ne sont pas évalués pour ce qu’ils sont intrinsèquement, individuellement mais, en les comparant forcément entre eux, en les montant les uns contre les autres. On ne se contente pas d’aimer ou de ne pas aimer l’œuvre artistique qui est avant et après tout une question de sensibilité, d’émotion personnelle. Si on n’est pas capable de savoir cela, on n’est pas digne « d’apprécier » l’art. On peut aimer ou ne pas aimer, pour telle ou telle raison, mais quand on compare, il y a toujours une dose de violence à l’égard de ce qu’on aime pas…
En même temps, je me dis que ceci est peut-être révélateur de notre incapacité dans ce pays à être tolérant vis-à-vis de ce qu’on n’apprécie pas. En Guinée, c’est ou tu es avec moi, ou tu es contre moi.
Pourtant, si on s’y mettait tous, sans se positionner en torpilleur public (en privé pourquoi pas) du travail des autres, on pourrait peut-être faire ce qu’on n’a pas été fichu de faire ces dernières années: AVOIR UN ARTISTE D’UNE TREMPE INTERNATIONALE QUI PORTE LA GUINÉE EN DEHORS DE NOTRE PAYS.
Mais puisque l’ambition et la rigueur sont des gonzesses qui sont loin de nous séduire, on préfère rester des stars entre nous, nous contenter et nous congratuler dans notre truc guinéo-guinéen.
C’est dommage au regard de ce que ce pays regorge comme talent artistiquement remarquable.