Éditorial : Le Paradoxe de la Liberté Proclamée dans un Contexte de Censure
Dans une récente allocution publique, le ministre Ousmane Gaoual Diallo a pris la parole, prônant les valeurs d’unité et de stabilité et appelant au dialogue et au rejet de la division et de la haine. À première vue, de telles affirmations pourraient résonner avec les idéaux de la démocratie et des droits inhérents qu’elle est censée soutenir. Cependant, des allégations pèsent lourdement contre le décor de ces proclamations, des accusations qui peignent un tableau contrasté des actions et de la gestion du ministre.
Les critiques affirment que le discours d’Ousmane Gaoual Diallo sonne creux lorsqu’il est juxtaposé avec les actions rapportées de son Ministère, y compris la musellement des libertés de presse, la suppression de la dissidence politique, les interruptions d’accès à Internet et les restrictions des plateformes de médias sociaux. Si ces actions que nous vivons actuellement en Guinée, contredise non seulement l’essence même de son message public, mais signifie également un décalage troublant entre les valeurs professées et pratiquées par le gouvernement.
Il est impératif d’examiner l’ironie de prôner un dialogue ouvert tout en étant accusé de mesures qui pourraient étouffer les mêmes canaux à travers lesquels un tel dialogue pourrait couler. Un débat ouvert et respectueux, comme le suggère Ousmane Gaoual Diallo, est en effet une pierre angulaire d’une démocratie prospère, mais il doit être encouragé dans un environnement où la presse peut opérer librement, où les partis politiques peuvent concourir sans crainte et où les citoyens peuvent accéder aux informations sans entrave.
Les détracteurs appellent rapidement à la responsabilité, exigeant une concordance entre la parole et l’acte. Ils voient une façade dans l’appel à la paix et à la prospérité lorsque des mesures sont prises qui pourraient faire dérailler le chemin vers ces objectifs nobles. On soutient que sans une presse libre, sans la liberté de rassemblement et d’expression, il ne peut y avoir de véritable paix ou prospérité, car elles sont construites sur le socle de la liberté et du débat ouvert.
Il devient le rôle du journalisme, de la société civile et de la communauté internationale d’examiner ces contradictions. Si un leader prêche l’unité mais pratique la division, parle de liberté tout en la restreignant, la question se pose : quel est le véritable agenda ? Alors que ces tensions se cristallisent, l’appel n’est pas seulement à la réflexion, mais à une réévaluation des politiques qui peuvent trahir les principes mêmes qu’un gouvernement est assermenté à soutenir.
Alors que le ministre exhorte à la sagesse et à la responsabilité dans la parole et l’action, on pourrait renvoyer cet appel aux couloirs du pouvoir, où il doit être exemplifié en premier lieu. Seul le respect authentique et constant des valeurs démocratiques peut permettre aux mots d’un dirigeant de transcender les confins de la rhétorique et de s’inscrire dans les annales de l’action transformatrice. Les citoyens ne méritent pas seulement cette cohérence ; ils doivent l’exiger.
Dramé Ibrahima pour conakrylemag.com
— conakrylemag