Une fête de Maouloud (prévue cette année pour le lundi) ne devrait rien à voir avec celui de Noël ou du Nouvel an. «Un bon musulman ne devrait pas servir de l’alcool à ses amis, fussent-ils des buveurs impénitents.»
Depuis qu’un de mes vieux potes Ladji a appris ce conseil d’un imam et qu’il a décidé de le mettre en pratique, j’ai décidé, moi aussi, de ne plus planer chez lui les jours de fête. Qui est fou pour aller se gaver de bissap ou de sucreries ? Je n’ai pas prévu de faire du diabète, mais peut-être une cirrhose si Dieu me lâche.
Vous imaginez donc qu’à l’approche de ce Maouloud, je n’ai pas fait la ronde habituelle de mes amis. D’ailleurs, ils n’étaient pas nombreux à avoir eu les moyens de s’acheter de quoi ripailler. Il était totalement inutile de s’emmerder pour 2 ou 3 cuisses de gallinacés que je ne pourrais même pas arroser d’une bonne Guiluxe.
J’ai alors décidé par anticipation d’envoyer seulement des SMS de «bonne fête de Maouloud» à tous les potes de mon répertoire. Pour donner de la solennité à mon acte, je suis allé prendre place dans le maquis le plus proche de chez moi, à Pyabounyi avec une Guiluxe bien fraîche. Histoire de me mettre en communion avec mes amis, malgré tout. Ils ont choisi de ne pas servir de l’alcool. Et moi, j’ai choisi de ne pas brûler mon essence pour seulement quelques morceaux de mouton ou des cuisses de poule.
Après ma bière, j’ai décidé de faire une journée promenade interdite. Pour une fois, j’ai pensé que je pouvais profiter pour me reposer, dormir simplement, pieds et poings fermés comme un bébé. Mais c’était mal prévoir le programme d’un con de voisin. Il a dû gagner à Guinée-Games quelques jours avant et a décidé de le faire savoir au quartier.
C’est sous ma fenêtre qu’il a choisi d’organiser sa mamaya. Déjà que le muezzin me réveillait plutôt que prévu et que l’imam a conseillé à mes amis de ne plus servir l’alcool, il ne manquait plus que cet enfoiré s’en mêle. Dieu les voit.