
Arabakhi di ? Tanatè ? Tabaski de mes deux ! En cette fête de Tabaski de Covid-19, j’avais rendez-vous avec une go, Monique Briggs Curtis elle s’appelle. Pas question que ma moto me joue des tours. Je pars donc lui rendre une deuxième jeunesse chez le mécanicien. En passant, je m’imprègne des douces odeurs de la ville.
En plus de la pollution quotidienne, mon idiot de voisin fait un magnifique feu de déchets. L’odeur emplit mes poumons. Au réveil, y a pas mieux. Moi qui rêvais de sentir bon le sable chaud pour rejoindre la nana, me voilà imprégné du fumet de plastique brûlé.
Pendant que ma moto se fait remplacer deux ou trois pièces, une petite fille se met derrière le pot d’échappement pour s’en mettre plein les poumons. La fumée noire ne l’effraie pas. Je lui dis de s’éloigner mais elle me répond : «J’aime bien l’odeur.» Lui expliquer que c’est dangereux lui semble tellement idiot.
On dirait une femme enceinte qui veut manger kaolin ou fumer la cigarette. Ah, foutu pays! Le plastique brûle, les déchets envahissent les rues et les eaux, et tout le monde s’en fout, sauf Fatoumata Chérif et ses selfies déchets. Pour les autres, on attend de voir, parce que prévoir n’est pas guinéen. Alors, on avance et on verra après.
Je me prépare en me disant que, décidément, la Tabaski est une aubaine. Les femmes ont tellement envie de faire quelque chose ce soir-là qu’elles en acceptent même mes invitations, tant pis pour la Covid-19. Pour les jeunes bouilles, passer la soirée de Tabaski en solitaire équivaut à la fin du monde. Moi, je m’en fous, mais c’est l’occasion de ramener une nana chez moi.
Le seul problème, c’est qu’avant de la ramener, il faut la sortir. Pour la déguster, il faut d’abord lui offrir à manger. Et pour ça, il faut des sous.
Ça fait moins de Guiluxe pour un restau, tant que c’est pour la bonne cause. Faire des concessions pour une nénette me semble normal. Mais il paraît que maintenant des salopards larguent leur nana par texto.
Un petit message ridicule du genre : «Je tiens trop à toi pour te mentir : je ne t’aime plus» ou : «Désolé, mais je préfère ta copine-chose-là». Le pire que j’ai entendu, c’est un type qui avait rompu sous prétexte qu’il n’avait plus de capote. Oui, c’est drôle, mais si les meufs deviennent méfiantes, il ne faudra pas s’étonner.
Je prends une douche pour enlever cette odeur de plastique, enfile ma plus belle chemise et mon blouson cuir et pars récupérer ma moto. J’ai réservé dans un petit restau pas trop mal qui s’appelle Guiée58 du côté de Taouyah. Elle devrait être heureuse, ma jeune et belle convive. Je vais lui sortir le grand jeu. Cette fois, je vais faire ça sérieux.
Alors que je m’arrête pour acheter quelques fleurs, je reçois un message de ma promise : «Tu aurais fait un parfait mec, mais je ne peux pas te mentir : je suis amoureuse d’un autre, M. Diallo.» Ça y est, je suis moderne : je me suis fait planter par texto. Tanatè ?