Le gouvernement de la transition veut stabiliser les prix sur le marché. Il compte donc sur le nouveau bureau national de la chambre de commerce pour y arriver. Comme d’habitude, le ministre du commerce, de l’industrie et des PME, s’emploiera à obtenir cet engagement de la part des importateurs de denrées alimentaires. La transition n’a pas vocation à développer un pays, mais à l’état actuel des choses, le manque d’actions risque de compromettre davantage le chantier du développement du pays. Lorsqu’on veut jeter des bases, on ne se limite pas aux effets d’annonce, on s’attaque au problème dans le fond.
Nous savons pourquoi nous importons. C’est en raison de la faible capacité de production locale. La crise interne, soumise à la dure épreuve des facteurs exogènes, ne devrait être abordée, sous le seul angle du commerce. Il aurait été plus juste, à ce stade de la transition, d’amener le ministre de l’agriculture à faire un travail d’analyse.
In fine il aurait pu quantifier notre production et après évaluation de nos besoins de consommation, un plan de sortie de crise pourrait être imaginé à partir des initiatives locales. On ne peut pas s’en sortir en focalisant toutes les actions sur les exonérations fiscales. On ne peut s’en sortir, lorsque l’option facile est de tout traiter dans l’urgence.
Un Etat en construction doit commencer par changer de discours et de méthodes. La répétition des erreurs vient de ce qu’on pense de la gouvernance. On ne peut réussir un projet de développement, en comptant exclusivement sur ce qu’on peut avoir des autres.
Le riz, le blé, le sucre, l’huile végétale et même la banane de qualité, viennent d’ailleurs. Et les politiques, et les décideurs actuels n’expliquent comment ils pourraient changer cette façon de voir nos problèmes. Personne ne porte un discours de développement. Le commerce à tout va et à tous les niveaux de la vie de notre pays, ne nous conduira jamais au développement souhaité.
Il en est de même pour la mesure qui limite à trois mois les avances de logements pour les particuliers. Se contenter de le dire, ne suffira pas. Il y a mieux à faire. La transition peut réglementer le secteur du loyer, en tenant compte à la fois du pouvoir d’achat des guinéens, mais aussi de l’investissement des bailleurs. La réglementation se fait sur la base d’un texte clair, compris et opposable à tout le monde. Le laisser aller n’aidera personne. L’Etat n’ayant aucune magie de pouvoir offrir en un laps de temps, des logements sociaux qui se font désirer.
Les initiatives doivent maintenant être portées par les gouvernants. Les guinéens ont longtemps exprimé leurs préoccupations, face au marché incontrôlé des maisons à Conakry. Tout se fait selon la volonté du bailleur, comme un commerçant dans sa boutique, qui décide de donner au prix voulu, ses produits. Un Etat absent s’en préoccuperait moins. C’est ce qui a malheureusement caractérisé le nôtre ces trente dernières années. Aucun dirigeant n’a manifesté la volonté de satisfaire à la demande sociale sur le long terme.
— conakrylemag