A LA UNECulture

Sauver nos langues de la disparition qui les menace. (Tierno Monénembo)

Madame Aysha Sow, présidente de l’association Sukaabhe ADLAM Windere  m’a fait l’honneur de m’inviter, dimanche dernier à la Maison des Jeunes de Kipé, à débattre avec Madame Aïssatou  Lily Diallo, présidente de l’association des Guinéens  de Lyon, sur un thème décisif pour l’avenir de l’Afrique : « Langue maternelle et développement économique ».

Pour moi, le sujet ne mérite pas un long débat. Il va de soi que la langue maternelle est le récipient le mieux indiqué pour contenir l’essor économique et culturel d’un peuple. Dans les conditions normales, tout au moins ! Hélas, chez nous, rien n’est normal. Ayant  subi de plein fouet, le fracas de la colonisation, nous avons encore plein de choses à revoir et à réarranger avant de reprendre le cours normal de l’Histoire.

Nous savons tous que nous devons sauver nos langues de la disparition qui les menace. Nous savons tous que nous ne pouvons continuer à penser et à créer éternellement dans les langues de nos anciens maîtres européens. La langue, c’est l’identifiant, c’est le moi profond. La langue, c’est le premier attribut de la souveraineté. La langue est hautement emblématique.  Mais elle n’est pas que ça. La langue, c’est aussi un outil, un instrument de travail, perfectible à souhait comme tout instrument de travail.

On pense à tort que les deux principaux écueils auxquels sont confrontées les langues africaines sont incontournables : leur extrême diversité et leur terrible retard scientifique et technique.

En vérité, les langues africaines ne sont pas aussi diverses qu’on le pense. Quelque chose de très fort et de très ancien les unit au plan de la phonétique comme au plan du concept. Nos langues vont par famille ! Toutes les langues de l’Afrique de l’Ouest peuvent se résumer en quatre ou cinq groupes : le poular, le sérère, le wolof, le diola, le balanto et le coniagui ; le soussou, le soninké, le bambara, le malinké, le dioula et le sénoufo, le konianké, le toma manian ; les langues akans qui vont du Yoruba au baoulé en passant l’éwé et l’ashanti  ; le guerzé, le kono, le bété, le dida, le yacouba ; le guéré, le mano de la Guinée et celui du Libéria.

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Nos langues telles qu’elles sont aujourd’hui sont incapables d’exprimer toute la complexité du monde  mais rien d’autre que notre paresse intellectuelle ne nous empêche de les moderniser. Mettons-nous dans la tête que nos langues sont héritées et que les langues européennes sont des langues réinventées. Le linguiste Claude Hagège affirme que de la langue française d’aujourd’hui, il ne reste que 99 mots gaulois.

Dans ce domaine-ci comme dans tous les autres, arrêtons de dénoncer et de réclamer, créons ! Finissons-en avec les bonnes intentions, trouvons la bonne méthode, c’est-à-dire la bonne pédagogie. L’émancipation des langues africaines, c’est trois choses simples : le bon alphabet, le bon manuel et le bon maître.  C’est aussi la synergie. Il ne sert à rien que nos pays se tournent le dos que chacun s’occupe de sa minuscule ère linguistique. Nos pays doivent travailler ensemble ne serait-ce qu’au niveau de la Cedeao et non plus langue par langue mais par groupe de langues.

Et pour ce qui est de la modernisation, nous devons former des linguistes de très haut niveau et créer de toute urgence, un Institut des Langues Africaines !

Tierno Monénembo

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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