La liberté de la presse. Non un privilège pour les journalistes, mais un droit pour les citoyens. C’est l’esprit et l’essentiel du thème de la célébration de cette fête voulue par l’organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture. C’est toute une leçon à l’intention de tous. La liberté est un droit. Et comme tel, c’est un devoir de tous de la garantir aussi. C’est complexe, mais il faut par pédagogie dire ce que signifie le droit et le devoir de tous. Le droit parce que chacun mérite d’être informé de l’essentiel des faits qui entourent sa vie. Les actes des décideurs, les préoccupations des administrés. Et parce que chacun ne peut pas accéder aux bureaux des Chefs, qu’il faut compter sur les médias pour servir de pont.
C’est un devoir pour les décideurs de garantir à tous les gouvernés, ce droit. Les décideurs en ont l’obligation, dès lors qu’ils exercent leurs fonctions au nom et par la volonté des administrés. Ils doivent le faire en démocratisant l’accès à l’information. Une information diversifiée véhiculée par ceux qui librement font le choix d’en faire un travail. Les journalistes. Dans les pays africains comme le nôtre, les décisions n’ont pas été courageuses au départ, mais depuis le début des années 2000, les changements sont progressifs.
Les pouvoirs ont libéralisé les ondes et certains ont dépénalisé les délits de presse. Ce sont deux actes majeurs dans la démocratisation de l’accès à l’information. Mais ce n’est pas suffisant. La liberté en elle-même obéît à certaines conditions. Disons, pour qu’il y ait liberté, il faut y mettre des moyens. Les moyens politiques, qui semblent disponibles et économiques, qui manquent terriblement. Les journalistes ont un devoir vis-à-vis des citoyens. Et c’est bien en raison du statut d’informateurs professionnels que leur reconnait le public. Mais ils ont l’obligation de rechercher, librement et porter à la connaissance du public de manière désintéressée, la vérité. La vérité à livrer doit être complète.
C’est une exigence et les journalistes doivent en tenir compte dans leur travail de tous les jours. Mais attention ! A l’absence des moyens, il est difficile de travailler en toute indépendance. Les journalistes mal payés. Il y en a qui ne le sont même pas. Les patrons, à l’occasion du 3 mai qui parlent de la liberté de la presse en regardant les gouvernants, ignorent qu’ils sont eux-mêmes un problème pour la liberté. Ils ont ouvert des entreprises de presse, recrutés des jeunes journalistes, à qui ils ne paient pratiquement aucun salaire. Ils veulent, nous ne savons comment, qu’ils soient exemplaires.
Voilà le problème véritable. Nous journalistes devons arrêter d’accuser le pouvoir. L’Etat autorise la création des médias. Et les procédures semblent être simplifiées. Le tout pour dire que la volonté politique dans ce domaine s’est accomplie. Ce sont les promoteurs, pour la plupart journalistes, qui créent toutes les conditions de la mendicité dans les salles de rédaction. Ils demandent à leurs employés de se débrouiller sur le terrain. Ils ne souffrent pas eux. Parce qu’ils ont l’argent de la publicité et l’Etat leur paie la subvention. Ce n’est pas assez, mais c’est quelque chose. D’ailleurs, personne n’est obligé d’entreprendre ou d’employer, si l’on ne peut entretenir un personnel.
— conakrylemag