Le piroguier national en manque de pagaie, de retour. Quelle surprise ! Il continue de se préoccuper de la progression de sa pirogue. Il l’a fait savoir depuis son fauteuil de malade, autour d’un verre. Son rameur ambitieux se trouve au milieu des rochers, les seuls qui tiennent face aux vagues qui font tanguer le Canoë Condéisé. Quand il est arrivé et qu’il a convaincu tout le monde de prendre place sur des bois souples, il croyait bien faire. Son plan, tromper la majorité et s’il réussit, qu’il soit derrière ou devant, toujours sans pagaie, il rit à gorge déployée. Même quand il voit le danger, il exulte, parce qu’après tout, les rêveurs diront qu’il est malin. La malignité est une qualité pour les étourdis.
Le piroguier disait à tout le monde qu’il atteindrait l’autre rive. C’est pourquoi il n’a pas hésité à menacer ceux qui, comme des sceptiques à vie, ont juré ne jamais s’embarquer à bord du canoë. Même pour l’île de Tamara. Ce sont eux qui n’ont pas cru au changement de direction promis en 2010. On a effectivement changé et de détour en détour, on s’est mis à danser la farandole sur l’eau. Cinq ans pour rien, avait fini par résumer ce temps d’observation, son haut et bas représentant de Boffa à Dimbokro. Et pour le sanctionner, l’organe d’élections des dirigeants trop sûrs d’eux, a déclaré un coup KO contre sept piroguiers en quête de pagaie.
Et finalement, comme cela se dit dans notre ruisseau, plus le mensonge est gros, plus on y croit ; le piroguier va décréter la richesse. Il érige Boké, ville négrière en zone piteusement paupérisée. Zone d’affaire. Le clan autour du castel de la presqu’île, s’offre pour l’occasion des camions et traitent directement avec les héritiers de Deng Xiaoping. La terre est transportée sans dédouanement. Les troupeaux des éleveurs des massifs, mais qui ont érigé domicile à Sangarédi, ancienne citée soviétique, perdent tout. On y parle plus de champs agricoles. Ils sont lassants et ne donnent pas de dollars tout de suite.
Il ne se limite pas là. En 2018, il décide de partager la fortune décrétée. Chaque indigent a pu avoir 240 milles francs guinéens, un petit téléphone portable de 100 milles francs guinéens, des photos et le sourire du rameur ambitieux Kass l’élégant. Le rameur oblige tout le monde à s’embarquer dans le Canoë Condéisé. Il sanctionne les récalcitrants. Et s’installe à la citadelle du faucon en vrai Manitou. Toujours dans la presqu’île. Là-bas, il montre sa belle dentition qu’il faut apprécier et fait de sa nièce la demoiselle qui nargue les vieilles mamans de Bonfi à Tougué.
Le canoë chavire le 5 septembre 2021. Le rameur veut en devenir le commandant à bord. Sans pagaie bien sûr. Mais le plus grave, sans passagers cette fois. Enfin ! Les passagers hésitent. Convaincu que le piroguier national, son champion est hors jeu, il apparait en jaune. Et promet d’assurer une discontinuité pensive. Il croyait bien faire. Lui qu’on a vu rouge avant, jaune très récemment, se déclare blanc comme neige. C’était un risque qu’il ne fallait pas prendre. La boussole veut orienter le Canoë. Elle s’est vue, obliger de l’arrêter dans son aventure trop ambitieuse. Et le piroguier est de retour, en forme avec ses lunettes.
— conakrylemag