Liberté de Presse en Péril: La Convocation de Boubacar Sanso Barry, Un Symptôme d’une Démocratie Fragilisée?
Dans un climat politique où la liberté de presse est de plus en plus perçue comme un luxe plutôt qu’un droit fondamental, la récente convocation de Boubacar Sanso Barry par la Direction centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) soulève des questions cruciales sur l’état de la démocratie et le respect des libertés individuelles en Guinée. Administrateur Général du site d’information Ledjely.com, Barry se retrouve dans le viseur des autorités, un fait qui, loin d’être isolé, s’inscrit dans une série d’événements préoccupants pour les acteurs du journalisme guinéen.
Le jeudi 15 février 2024, une nouvelle qui a rapidement fait le tour des rédactions révèle que Barry est attendu le lendemain à la DCPJ. La raison officielle? Une vague mention de « fins d’enquêtes ». Cette formulation énigmatique, loin de rassurer, alimente plutôt les spéculations et les inquiétudes. Quels sont les véritables motifs derrière cette convocation? Cette question, restée sans réponse, pèse lourd dans un contexte où la liberté d’expression semble être sous haute surveillance.
La situation de Barry n’est malheureusement pas un cas isolé. Elle survient dans un contexte où les fréquences de plusieurs radios et télévisions privées de grande écoute ont été brouillées, et où Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), croupit en prison depuis le 22 janvier 2024. Ces événements sont-ils le signe d’une stratégie plus large visant à museler les voix critiques et à contrôler le narratif public?
Dans un pays où la presse devrait jouer un rôle de chien de garde, questionnant, critiquant et tenant les pouvoirs en place responsables, ces actions posent la question de la santé de la démocratie guinéenne. La convocation de Barry, au-delà de son cas personnel, symbolise la lutte continue entre le pouvoir et la presse, entre le contrôle et la liberté, entre la répression et l’expression.
L’absence de transparence concernant les motifs de cette convocation est particulièrement troublante. Elle soulève une question fondamentale : dans quelle mesure les autorités sont-elles prêtes à aller pour étouffer les voix dissidentes? Cette situation est d’autant plus alarmante qu’elle s’inscrit dans un schéma répressif plus large, où les journalistes et les médias sont régulièrement ciblés, créant un climat de peur et d’autocensure préjudiciable à la démocratie.
Il est impératif de se demander quelles peuvent être les conséquences à long terme de cette stratégie sur la société guinéenne. Peut-on réellement parler de démocratie lorsque les journalistes sont intimidés et réduits au silence? Quel espace reste-t-il pour le débat public et la critique constructive si les voix indépendantes sont systématiquement réprimées?
La convocation de Boubacar Sanso Barry doit être vue non seulement comme un défi à la liberté de presse mais aussi comme un test pour la société civile et les instances internationales. Réagiront-elles avec la fermeté nécessaire pour défendre les principes de liberté d’expression et de presse, piliers de toute démocratie saine?
Dans ce contexte, il est crucial de rester vigilant et de soutenir les journalistes dans leur mission d’informer le public, souvent au péril de leur liberté, voire de leur vie. La pression nationale et internationale doit s’intensifier pour garantir que la lumière soit faite sur cette affaire et pour assurer que la Guinée respecte ses engagements en matière de droits de l’homme et de libertés fondamentales.
La convocation de Boubacar Sanso Barry n’est pas seulement l’affaire d’un homme ou d’un média; elle est le symptôme d’une démocratie fragilisée, où la liberté de presse est menacée. Face à cette épreuve, il est de notre devoir collectif de ne pas rester silencieux.
Par Ibrahima Dramé pour conakrylemag.com
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