Alpha Grimpeur sera-t-il candidat à un troisième mandat en 2020 ou respectera-t-il la Constitution guinéenne ? Jusque-là, il hésite à donner une réponse claire.
La question de la limitation des mandats en Afrique ? Pas d’avantage, le Prési en exercice de l’Union africaine n’aime pas en parler. A preuve, l’entretien qu’il a accordé à nos con(.)frères de BBC Afrique le 30 juin. Le Prési Alpha Grimpeur a répondu à la question avec un ton pas du tout fair-play. Pourtant, d’aucuns pensent que cet entretien semble préciser sa position.
Les aigris n’hésitent pas à soutenir qu’il écoutera les sirènes révisionnistes, en dépit de la mise en garde de Kèlèfa le SALL de la Cour Constitutionnelle. « Monsieur le Président (…), vous n’aimez pas que les ONG et les puissances étrangères rappellent à l’Afrique que la limitation des mandats présidentiels… » Le Prési Grimpeur, comme piqué par une mouche, interrompt le con(.)frère et tonne : « Est-ce que les mandats sont limités chez eux ? J’ai été très clair : il y a des ONG qui font du très bon travail, mais nous ne voulons pas des donneurs de leçons.
L’Afrique décidera désormais ce qu’elle veut, ce n’est pas quelqu’un qui dira 10 ans, 20 ans ou pas. Ce sont les peuples africains qui décideront partout. Il faut que ce soit clair : nous n’avons pas à obéir à qui que ce soit. Sur ces questions-là, les peuples africains répondront d’eux-mêmes, il faut que ce soit très clair. Donc, le débat sur cette question s’arrête-là, il faut que ce soit très clair, voilà ! Ce n’est ni la presse ni les choses, ce sont les peuples africains qui doivent savoir(…) »
L’impénitent journaleux ne lâche pourtant pas prise : « Mettons de côté les ONG, les puissances étrangères. Est-ce que sur ce sujet justement de la limitation des mandats, l’Afrique du sommet est en adéquation avec l’Afrique de la base ? (…) » Le Grimpeur esquive la question, et donne des leçons au con(.)frère : « Ce n’est pas à moi de vous répondre. Faites vos enquêtes auprès des peuples africains, faites vos enquêtes. On va arrêter là, je n’accepte pas ce débat. J’ai dit que les peuples africains discuteront.
Donc, n’insistez pas. On ne veut plus qu’on nous impose quoi que ce soit. Les peuples africains décideront, il faut que ce soit très clair. Je ne vais pas au-delà ». Un poing, c’est doux. L’entretien s’est terminé-là, avec « la rage » du Grimpeur. D’après une langue fourchue, les deux interlocuteurs ont parlé foot pour détendre l’atmosphère. Une causerie sur Paul Pogba est apparemment moins polémique qu’une affaire de troisième mandat.
Auparavant, le journaleux avait abordé la question de la médiation dans le Golfe. Lui, l’avocat sans vinaigrette africain risque de se contredire : vouloir « rompre le cordon ombilical avec les anciennes puissances coloniales » et « céder éventuellement à une pression de la part de l’Arabie-Saoudite, c’est renoncer à ces anciennes puissances coloniales pour aller s’inféoder à l’Arabie-Saoudite ». Quoique le Grimpeur ait soutenu mordicus que « l’Afrique ne s’inféodera à personne ».
Pour lui, l’Afrique est le continent de l’avenir. « En 2050, on sera plus nombreux que la Chine, nous sommes un continent d’avenir, nous avons les matières premières, nous avons tout. Si nous maîtrisons les nouvelles technologies, l’énergie, nous allons nous développer. Donc, l’Afrique ne doit être la remorque de personne, l’Afrique doit parler d’une seule voix et défendre les intérêts africains. »
« Mais le Royaume d’Arabie-Saoudite est très influent, il a l’argent, il a même beaucoup d’argent et il a aussi le soutien des Etats-Unis d’Amérique de Donald Trump. Et par rapport à plusieurs pays africains, l’Arabie-Saoudite, c’est la main qui donne.
Qu’est-ce qui vous fait penser que le Roi d’Arabie-Saoudite … », hasarde le journaleux. Alpha Grimpe sur ses ergots, en panafricaniste ulcéré : « Vous ne pensez pas que c’est un peu méprisant pour les Etats africains ? Je pense que ce serait un peu méprisant de penser que les pays africains vont se développer uniquement parce qu’on va leur donner de l’argent. C’est cette image-là qu’on ne veut plus de l’Afrique. »
Parlant de la Guinée, on se rappelle qu’il a suscité « l’enthousiasme à travers le slogan : « Guinea is back… » Le Prési Grimpeur reprend son ronron habituel : « Moi, j’ai pris la Guinée, j’ai dit qu’il n’y avait même pas d’Etat, on n’avait même pas de rapport avec la communauté internationale et financière, vous pensez qu’on va résoudre les problèmes ? Même les pays qui sont bien gérés…
Est-ce que l’Europe a résolu tous ses problèmes ? Même les pays les plus anciens… On ne peut pas résoudre tous les problèmes en même temps. Aujourd’hui, quel est le fond des problèmes de la Guinée ? C’est l’énergie, l’eau, les routes et ensuite le développement industriel.
Nous avons la moitié des réserves mondiales de bauxite, mais on faisait à peine 13 millions de tonnes de bauxite. Aujourd’hui nous sommes en train de devenir le premier producteur de bauxite dans le monde, etc. Evidemment, il y a des démagogues, des gens qui ont mis ce pays à terre, qui trompent les gens en pensant qu’on peut changer d’une baguette magique… »
Un aveu d’impuissance ? Allez savoir. Le locataire de Sékhoutoureya, lors de son premier mandat, avait clamé faire en cinq ans ce que ses prédécesseurs n’ont pas fait en cinquante ans. Les Guinéens ont apprécié la performance de la gouvernance Grimpante.
Ce qu’il dit est un argumentaire qui est assez valable, mais également c’est un argumentaire valable quand on écoute ses compatriotes dire que « le gouvernement a presque démissionné devant la flambée des prix des denrées de première nécessité… » Encore une fois, le Prési Alpha Grimpeur interrompt le journaleux : « Mais ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai. Vous ne connaissez pas…
Le sac de riz (de 50 kg) était à 250 000 francs, ce prix a été réduit à 180 000, 200 000. Quand je suis venu, on importait de la farine, on n’importe plus de farine ; on importait du ciment, on n’importe plus de ciment. Nous sommes en train de faire en sorte que nous produisons ce que nous consommons.
S’il y a des améliorations, nous allons devenir autonomes au point de vue fourniture du riz. Aujourd’hui nous avons lancé une grande politique agricole. On produisait plus de café, de cacao, de banane que les pays voisins… » Et de marquer une pause. Ainsi, la BBC lui a posé la question sur la limitation des mandats en Afrique.
— conakrylemag