Médias : Ne nous en demandez pas trop !
Bon, on va un peut quitter la Saint Valentin !
Dans le mot média, il faut retenir la substance. Un journaliste, l’équipe d’un titre, ledit média considéré globalement, tout ce monde joue un rôle d’intermédiaire. Intermédiation entre l’émetteur (la femme ou l’homme qui fait l’actualité) et le récepteur (les lecteurs et les auditeurs). Allons plus avant !
L’émetteur cherche à tirer le meilleur profit du travail d’un journaliste. C’est humain. Qui d’entre nous n’a pas soigné son apparence avant de se présenter devant un photographe ? Il appartient donc au journaliste de savoir garder la bonne distance. Pas trop loin de l’émetteur afin de ne pas tarir la source, et pas trop proche pour éviter les connivences.
L’auditeur attend la bonne information. C’est-à-dire un contenu intéressant et fiable. Le lecteur comme l’auditeur a ses propres orientations. La tentation est grande de rechercher l’information conforme à ces orientations politiques, religieuses, sociologiques. Il ne sert à rien de le nier. Car c’est par rapport à ces orientations qu’on s’abonne ou on achète tel journal et pas l’autre. De même, on capte telle station de radio et pas les autres.
Il arrive que le grand public confonde la communication et le journalisme. Les deux activités sont dangereusement proches, mais très différentes. Le communicateur est payé pour dire du bien d’un pays, d’un gouvernement, d’un parti politique, d’une entreprise, ou d’un homme public. Le travail de journaliste est plus aride : il doit relater ce qu’il voit et ce qu’il entend. Et rien d’autre. Vous voulez une preuve ? Dans notre pays, chaque ministère dispose d’un DCPM. Directeur de la Communication et de la Presse Ministérielle, c’est un journaliste ou un communicateur ?
Dans les moments de crise, les événements s’enchaînent, les attentes du public sont nombreuses, et les choses sont brouillées. Ajoutons quelques éléments propres à notre société, et qui favorisent les dysfonctionnements.
D’abord, tout le monde peut se lever et dire qu’il est journaliste, surtout avec l’avènement des réseaux sociaux. C’est porteur d’incompréhensions et de dangers. Imaginons que je me lève comme ça, et je déclare comme un.grand que je suis chirurgien. Et je demande à opérer des malades. C’est pareil pour le journalisme : il faut un apprentissage ou une formation, des qualités et de l’expérience. C’est un métier.
Deuxième difficulté : le public n’est pas formé à la consommation des médias. On veut du croustillant. On veut du sulfureux. Quelque chose qui alimente les conversations. Il se trouve que le plus souvent l’actualité est terne. Et un public qui n’est pas formé à l’utilisation rationnelle des médias est livré à toutes les manipulations.
Personne n’est neutre dans ses choix. Et notre public ne sait pas faire la difference entre un texte de communication (une propagande quoi !) et un travail de journaliste. Enfin, on confond l’émetteur et le média qui publie la nouvelle. Il y a tant et tant à dire sur cet aspect. On va se contenter de souligner le problème.
Pourquoi cette divagation maintenant ? Nous entrons, ou nous risquons d’entrer, à partir du 16 février et peut-être pour longtemps, dans une période de fortes turbulences. Gardez la tête froide !
— conakrylemag