Morlaye Soumah Colovatti : “Le football guinéen est sous respiration artificielle – il faut arracher le genou de la corruption de son cou”
Lettre intégrale de Morlaye Soumah Colovatti
Morlaye Soumah Colovatti : “Le football guinéen est sous respiration artificielle – il faut arracher le genou de la corruption de son cou”
Le football guinéen traverse une crise qui dépasse le simple domaine sportif. En publiant une lettre ouverte au président Mamadi Doumbouya, l’ancien capitaine du Syli National, Morlaye Soumah Colovatti, ne lance pas seulement un cri du cœur : il tire la sonnette d’alarme sur un système étouffé par des réseaux claniques et des actes de prédation.
Cette lettre, signée au nom de plusieurs anciens internationaux, va au-delà du terrain. Elle dénonce l’enracinement d’une corruption systémique au sein de la Fédération Guinéenne de Football (FGF) et appelle à une implication directe de l’État pour sauver ce qui reste de l’honneur et de l’avenir du sport le plus populaire du pays.

Un football pris en otage par les clans et la corruption
Colovatti ne mâche pas ses mots : la FGF n’est plus une institution sportive mais un champ de bataille pour intérêts personnels. Derrière les discours officiels et les communiqués lisses, l’ancien capitaine dépeint une réalité brutale : des postes stratégiques confiés à des individus sans lien réel avec le football, des décisions guidées par l’argent et les rivalités, et un système où la passion et la compétence ont été remplacées par l’opportunisme et l’appétit financier.
« Notre football est pris en otage par des réseaux d’intérêts personnels où l’égo et l’enrichissement remplacent la vision et l’amour du maillot », écrit-il.
Cette phrase résume tout. La crise de la FGF n’est pas une simple querelle administrative. Elle est devenue le symbole d’un pays où la politique et la corruption étranglent les secteurs vitaux.
Une interpellation directe au chef de l’État
Morlaye Soumah ne se contente pas de dénoncer. Il interpelle directement Mamadi Doumbouya et lui rappelle que le 5 septembre 2021, le CNRD avait promis une Guinée fondée sur la justice. Aujourd’hui, dit-il, cette justice doit descendre sur le football.
Il demande que l’État reprenne le contrôle de la FGF en intégrant pleinement les ligues communales, préfectorales et régionales dans les organes statutaires, pour casser les réseaux prédateurs et redonner au football une représentation véritablement nationale.
C’est un appel lourd de sens. Dans un pays où le football est un facteur d’unité et de fierté, ce plaidoyer est aussi un avertissement : si rien n’est fait, ce sport ne sera plus qu’un outil de pouvoir et de division.
Au-delà du sport : une question de souveraineté
Dans la lettre, Colovatti fait un lien clair entre football et souveraineté. Ce n’est pas seulement une discipline sportive en crise, mais une institution nationale qui se meurt. Le message est limpide : si la Guinée ne sauve pas son football, elle perd plus qu’un jeu. Elle perd un pilier de cohésion sociale et un levier d’image internationale.
Il ne réclame pas de privilèges pour les anciens joueurs. Il demande simplement que les décisions soient guidées par la compétence, la transparence et l’amour du maillot national.
Une lettre qui fait écho à une colère plus large
Ce texte n’est pas isolé. Depuis des mois, des voix s’élèvent pour dénoncer la gestion catastrophique de la FGF. Les scandales à répétition, les luttes de clans et l’absence de politique sportive structurée ont transformé le football guinéen en caricature de gouvernance.
En écrivant cette lettre, Colovatti et ses pairs mettent des mots sur ce que beaucoup murmurent : le football guinéen est sous respiration artificielle. Et si l’État ne réagit pas, il ne s’agit plus seulement d’échec sportif, mais d’un naufrage moral et institutionnel.
Une urgence nationale
La lettre est plus qu’un cri du cœur. C’est un document politique. Colovatti rappelle que le football est l’un des rares domaines capables de rassembler les Guinéens au-delà des clivages ethniques et politiques. Si cette institution tombe définitivement dans la corruption et l’impunité, c’est un lien national qui se brise.
L’appel à l’implication directe du président est donc un appel à sauver non seulement un sport, mais un symbole national.
Lettre intégrale de Morlaye Soumah Colovatti
À SON EXCELLENCE GÉNÉRAL DE CORPS D’ARMÉE MAMADI DOUMBOUYA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT
Objet : Le Football Guinéen étouffe – L’implication de L’État est impérative
Conakry, le 25 juillet 2025
EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Par la présente, je viens auprès de votre haute Personnalité pour signaler les dérives qui gangrènent notre Football et qui ne peuvent être éradiquées totalement que par une implication personnelle de votre EXCELLENCE.
EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
C’est avec une profonde indignation et une immense tristesse que je m’adresse à vous aujourd’hui, non pas seulement en tant qu’ancien Footballeur ayant porté les couleurs de la Guinée, mais aussi comme citoyen concerné par la réussite de vos actions dans tous les domaines sociopolitiques de notre pays y compris le Football qui est dans un véritable état alarmant.
En effet, pendant que nous défendions la nation sur les terrains, donnant tout pour offrir la joie et le bonheur aux populations et faire rayonner la Guinée sur la scène internationale, d’autres sans lien réel avec le monde sportif s’acharnent lentement mais progressivement en prendre en otage les rênes de notre Football par le jeu dangereux de la corruption rampante. Aujourd’hui, ce sont ces personnes, parfois issues d’univers complètement étrangers au sport et sans aucune connaissance des notions élémentaires qui occupent des postes stratégiques et décident du destin de notre Football.
EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Ce constat est amer et insupportable pour les Footballeurs et pour la ligne de Gouvernance définie par votre EXCELLENCE, le 05 septembre 2021, pour une Guinée forte et prospère désormais fondée sur la JUSTICE. Notre football est pris en otage par des clans, des réseaux d’intérêts personnels, où l’égo, la rivalité, et la lutte pour l’enrichissement personnel ont remplacé la compétence, la vision et l’amour du maillot. Quand les uns sont à gauche, les autres sont à droite ; ils ne s’unissent que dans des circonstances opportunistes, rarement pour construire, trop souvent pour détruire.
EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Nous avons besoin de vous pour remettre l’ordre dans la Maison du Football Guinéen, remettre l’ordre bafoué et piétiné par ces sempiternels vautours et preneurs d’otage corrompus qui se livrent à une bataille féroce autour de l’argent, sans aucun souci pour le développement du Football dans nos communes, préfectures, districts et villages.
Nous prions, nous interpellons, nous vous supplions humblement votre EXCELLENCE d’intervenir, de faire cesser les agissements de ces individus identifiés, connus de tous, qui traînent des casseroles mais continuent de nuire à notre Football en toute impunité. La solution est simple et même très facile : L’implication totale de L’État dans la conception et la gestion du Football Guinéen qui est un élément essentiel et important de sa Souveraineté.
À travers les Ligues Préfectorales, Communales et Régionales qui doivent être intégrées, comme cela se doit, parmi les membres statutaires de la Fédération Guinéenne de Football, le Gouvernement aura la majorité écrasante et aura tous les moyens légaux d’éloigner tous les prédateurs et corrompus et de prendre en main avec les Femmes et les Hommes de son choix les destinées du Football Guinéen en harmonie avec les textes de la FIFA.
EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Il est temps de leur enlever le genou sur le cou de notre Football, pour qu’il puisse enfin respirer, se reconstruire, et redevenir un facteur d’unité, de fierté et d’espoir pour notre jeunesse.
Le Football Guinéen n’a jamais manqué de talents. Il a toujours été riche de passion, d’engagement et d’ambition. Mais aujourd’hui, il souffre d’un manque cruel de leadership, de vision et de responsabilité.
Nous n’appelons pas à l’exclusion, mais à la compétence.
Nous ne demandons pas des faveurs, mais de la justice que vous avez toujours incarnée.
Il y va de l’avenir de notre Football.
Il y va aussi de la dignité de notre nation sportive et surtout de votre réussite dans le domaine le plus populaire et mobilisateur qu’est le Football.
EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Je vous prie d’agréer l’expression de ma très haute considération et de ma totale disponibilité.
Morlaye Soumah Colovatti
Ancien Capitaine du Syli National
— conakrylemag




