Ousmane Gaoual Diallo : « L’internet, un luxe plutôt qu’un droit… »
Dans les couloirs du pouvoir à Conakry, le discours officiel sur la liberté d’expression et l’accès à l’information prend des allures de comédie tragique. Ousmane Gaoual Diallo, le porte-voix du gouvernement guinéen, a récemment livré une performance digne d’un mauvais acteur de théâtre, en abordant la question brûlante des restrictions d’accès aux réseaux sociaux. Lors d’un point presse, ce jeudi 30 novembre 2023, le ministre des Postes, Télécommunications et de l’Économie Numérique a tenté de justifier l’injustifiable. Voici le décryptage d’un discours qui frôle l’absurde.
La restriction des réseaux sociaux : un non-droit selon le gouvernement
« Internet n’est pas un droit », clame haut et fort Ousmane Gaoual Diallo, comme si l’accès à l’information était un privilège réservé à une élite. Selon lui, le pays ne dispose que d’un unique câble sous-marin pour se connecter au reste du monde, une excuse qui semble aussi fragile que ce fameux câble. « Il faut assumer certaines positions », ajoute-t-il, comme pour nous convaincre que couper l’accès à l’information est une décision responsable.
La liberté de la presse, un concept à géométrie variable
Le ministre s’attaque ensuite à la liberté de la presse, cette « liberté importante dans la démocratie », mais qui, selon lui, doit être assortie de responsabilités. Il critique ouvertement les médias qui, selon lui, se permettent de juger les actions de la justice. « Quand quelqu’un est inculpé, il est présumé innocent. On ne le commente pas », martèle-t-il, ignorant apparemment le rôle de la presse dans la surveillance du pouvoir et la défense des libertés publiques.
La violation flagrante des droits fondamentaux
Ce que M. Diallo semble oublier, c’est que fermer l’accès à Internet et aux réseaux sociaux constitue une violation flagrante du droit à la liberté d’expression. Ce droit est protégé par l’article 19 de la Charte de la Transition, l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), et l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. La Guinée, en tant que signataire de ces traités, se doit de respecter ces engagements.
Le ministre, un coupeur d’Internet et brouilleur de signaux
Il est ironique de constater que le ministre, qui devrait être le garant de l’accès à l’information et de la liberté d’expression, se transforme en un véritable « coupeur d’Internet » et « brouilleur de signaux » des radios. Cette situation est d’autant plus absurde que l’Internet est aujourd’hui reconnu comme un droit fondamental, essentiel à l’exercice de nombreuses autres libertés.
Conclusion : Un discours déconnecté de la réalité
En somme, le discours de M. Diallo est un mélange de déni et de mépris pour les droits fondamentaux des citoyens guinéens. Il reflète une vision archaïque et autoritaire du pouvoir, où l’accès à l’information est considéré comme un luxe plutôt qu’un droit inaliénable. Dans un monde où l’information est le pilier de la démocratie, de telles pratiques ne peuvent être que vivement critiquées et condamnées. Il est temps que le gouvernement guinéen se rende à l’évidence : couper l’Internet, c’est couper le peuple de son droit à savoir, à comprendre et à participer activement à la vie de sa nation.
Dramé Ibrahima pour conakrylemag.com
— conakrylemag