Politique

Pour le vignoble méditerranéen, l’irrigation va être essentielle d’ici 5 ans

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Vinea Transaction est reconnu comme un expert du marché foncier viticole. Quel est votre champ d’application ?

« A la création de Vinea Transaction en 1991, l’agence couvrait le vignoble du Grand Languedoc. Avec l’avènement d’internet, nous avons structuré un réseau et sommes ainsi passés d’une approche languedocienne à une couverture nationale. Pour cela, nous avons fédéré 7 à 8 partenaires. Aujourd’hui, nos neuf agences sont implantées sur l’ensemble du vignoble français, du Languedoc à la Provence, de la Vallée du Rhône au Beaujolais, en passant par la Bourgogne ou le Val de Loire. »

Pourquoi cette stratégie d’implantation nationale ?

« Il est nécessaire de rappeler que 65 % à 70 % des surfaces vendues en France se situent en Aquitaine et sur le vignoble méditerranéen. Je pars du principe qu’il est nécessaire d’avoir une présence physique au cœur des vignobles car on ne peut piloter des négociations à distance. Selon les régions, nos agences réalisent jusqu’à trois quarts des ventes des grands domaines. »

Au vu de votre expertise, comment a évolué le marché viticole foncier en France ?

« L’état des lieux, sur les vingt dernières années, révèle que le marché foncier des belles appellations est en croissance permanente. C’est le cas par exemple des Pic Saint-Loup en Languedoc ou des Châteauneuf et Gigondas en Vallée du Rhône, qui connaissent une croissance exponentielle et dont les prix ont été multipliés par cinq depuis 2010. Pour les AOP génériques et les IGP, les prix du marché restent par contre stables. »

Y a-t-il un impact climatique ?

Oui, depuis 5 ans, nous visualisons un effet direct du réchauffement climatique et enregistrons déjà des pertes de valeur pour les vignobles exposés directement à la sècheresse ou non irrigables.

Quels types de terroirs sont concernés ?

« Je pense aux Hautes Corbières, aux collines argilo-calcaires du Languedoc, ou plus généralement aux terroirs aux sols asséchants, type cailloux ou terres sablonneuses. Là, le voyant rouge s’est clairement allumé. Notre analyse en Occitanie se limite au Languedoc puisque la récente extension régionale concerne des vignobles dépendants d’une climatologie océanique. »

Ces pertes de valeur sont-elles irréversibles ?

« Sans rendement économique, il n’y a pas d’acheteur sur ces vignobles. Les cotations ont d’ailleurs complètement dévissé, passant à moins de 10 000 € l’hectare. Mais parallèlement, apparait un constat de survaleur, de l’ordre de 5 000 € par hectare, pour les vignobles irrigués. C’est un nouveau phénomène qui va s’accentuer dans les années à venir. »

Dans un contexte de réchauffement climatique, quel constat dressez-vous sur le vignoble méditerranéen ?

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« Le vignoble méditerranéen semble être mieux armé que les autres vignobles car en premier lieu, les cépages sudistes sont plus résistants. Par ailleurs, il existe dans le Sud des réseaux d’irrigation bien ancrés dans le paysage avec un approvisionnement en eau quasi intarissable unique avec le réseau du Bas Rhône Languedoc, de Rhône Ventoux et du Canal de Provence. »

Au cours de la décennie 2000-2010, l’irrigation a apporté une première réponse aux épisodes de sécheresse. Aujourd’hui, hormis quelques dérogations dans le Sud, les vins à appellation n’ont pas le droit d’irriguer …

« C’est bien là également, une des limites : l’irrigation repose sur un principe dérogatoire et les mécanismes administratifs d’autorisation sont beaucoup trop lourds et il est déjà trop tard. Encadrée et contrôlée, l’irrigation des vignes AOP est certes possible, entre le 1er mai et le 15 août, mais l’INAO et les ODG doivent évoluer dans leur analyse du problème. Nous ne sommes plus à l’arrosage « à la raie » ou au canon. Nous n’en sommes plus à la course aux rendements mais à une approche de régulation qualitative. Le vignoble est en train de mourir, notamment de soif, et nous enregistrons sur les 25 dernières années, une perte moyenne des rendements de 20 à 25 % selon les régions ! Aujourd’hui, seulement 11 % du vignoble est irrigable. Pour le Languedoc, cela représente à peine 20 000 hectares ! Dans les années à venir, il est essentiel que l’accès à l’eau soit démultiplié. Cela implique des investissements conséquents de la part des pouvoirs publics et des collectivités locales. Le syndicat des vignerons des Côtes de Provence a une vision stratégique, très positive sur le sujet, avec un plan sur 20 ans visant à irriguer 20 000 hectares de vignes dans le Var. »

De plus en plus de vignerons adaptent leurs pratiques culturales pour pallier ce manque d’eau : travail du sol, désherbage des inter-rangs, construction de treilles pour protéger les feuilles de vigne du soleil… Qu’en pensez-vous ?

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« Changer les pratiques culturales ne peut être que bénéfique mais basculer sur des techniques agronomiques générant des heures supplémentaires et de la ressource humaine ne va pas dans le bon sens en terme économique. Une solution qui me paraît être pragmatique consiste à poursuivre l’extension des zones d’irrigation. Anticiper est indispensable pour les générations futures d’autant qu’un simple prolongement des réseaux peut nécessiter des délais de mise en œuvre pouvant facilement atteindre les 10 ans. Qu’il n’y ait pas de malentendu dans mes propos, modifier les façons culturales est nécessaire dans un dispositif visant à lutter contre la sècheresse mais les façons qui génèrent des heures de travail supplémentaires, dans un contexte où il est de plus en plus difficile de trouver des tractoristes ou des ouvriers agricoles, est très problématique et personne n’en parle. Autre problème généré : la dégradation significative du bilan carbone des exploitations. »

Y a-t-il des enjeux financiers ?

« L’installation d’une irrigation (borne, filtre, peigne, goutteur…) c’est minimum 4 000 €/ha. Une fois, l’installation réalisée, le coût de l’eau agricole doit rester abordable et équitable. Il fluctue actuellement entre 0,10 € et 0,15 € le m3. Aujourd’hui des distorsions apparaissent entre le Languedoc et le vignoble des Côtes-du-Rhône, avec des écarts de 40 % au m3 facturé. »

Le mot de la fin ?

« Le concept du vignoble méditerranéen français se met en place. Cela passe par une cohérence entre les grandes régions concernées et une solidarité macro-économique. Le Rhône et son eau peuvent en être le lien. Nous avons la chance, dans le Sud, de bénéficier d’infrastructures opérationnelles qui peuvent être développées – comme le Bas Rhône Languedoc ou le Canal de Provence – alors que les autres vignobles de la Méditerranée comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce n’ont pas cette possibilité. »



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