Nous faisons de la Politique
Nous qui critiquons ou apprécions les actions du Gouvernement, les acteurs de la société civile, vous qui signez des décrets et des arrêtés, vous qui avez un poste de responsabilité, les membres et responsable des partis politiques, nous faisons tous de la politique. Dès que nous nous intéressons à la gestion de notre bien commun qui est la Guinée, nous faisons de la politique. Les divergences viennent de la façon de gérer ce bien commun.
Personne n’a le monopole de la vérité, à plus forte raison du patriotisme. Les manières de gérer le pays affectent tout le monde d’où les appréciations et les critiques des uns et des autres pour le développement du pays. C’est dans les débats contradictoires que les bonnes idées jaillissent mais quand des gouvernants pensent avoir le monopole de la vérité et cherchent à étouffer toute voix dissonante, nous nous trouvons dans une dictature.
Si le coup d’État du 5 Septembre a pu se faire si relativement facilement, c’est que le pouvoir d’Alpha Condé était très affaibli par les manifestations successives, c’est pour cela qu’il n’y a même pas eu un poulet dans la rue pour le défendre. Il était très impopulaire contrairement à ce qu’on le faisait croire.
Dire que des militaires ont risqué leurs vies pour aller prendre le pouvoir, c’est une vérité, et que dire des civils qui ont affronté les militaires d’Alpha Condé, mains nues ?
Sans parler de ceux qui ont sacrifié leurs vies. Est-ce une raison pour assoir un pouvoir totalitaire ?
De nos jours la Démocratie est devenue un terme galvaudé, sinon, une transition se doit de remettre en place les Institutions Républicaines pour une marche normale du pays et de ce fait, elle doit être courte. Une transition n’est pas là pour résoudre tous les problèmes du pays.
Mon problème en Guinée n’est pas qu’un militaire ou un civil dirige le pays, mais que les Institutions fonctionnent correctement, que la corruption diminue considérablement (je ne crois pas à 0% corruption). Plus un pays est corrompu, plus il est sous développé.
Dans une transition donc dans un régime d’exception, toutes les décision sont prises dans un cercle restreint. Nous savons très bien que les contrats de gré à gré sont très souvent des sources de corruption. A un certain niveau, les termes des contrats qu’un pays doit signer sont d’abord débattu dans une commission de l’Assemblée Nationale, une assemblée élue par le peuple.
J’aimerais savoir sur quelle base la junte a signé un contrat minier faramineux. Tant que la gestion est opaque, le copinage fera légion. En un mot, ils font de la gabegie financière reprochée à Alpha Condé dans le discours du 5 Septembre.
Le Problème en Guinée, est le système, pas les hommes. Doumbouya partira, celui qui viendra fera les mêmes choses, parfois différemment, mais avec le même résultat.
Les arrestations et interdictions à tout vent réactive en moi, les années sombres sous le régime de Sékou Touré. Ce ne sont pas de bons souvenirs pour moi.
Voilà mes convictions sur la situation Guinée :
1. Notre pays ne connaitra pas l’émergence économique avant une trentaine d’année, dans le meilleur des cas. Le mal est plus profond que je le croyais.
2. Après tant d’années de projets initiés en Guinée, j’arrive à la conclusion que j’ai échoué chez nous. Il est sage pour moi de faire le reste de ma vie aux USA. Je peux toujours faire un projet ponctuel en Guinée ou ailleurs, mais il est temps de poser ma valise quelque part. Je dois tenir compte de mon âge et des réalités Guinéennes. Il ne s’agit pas baisser les bas ou de découragement. Je dois reconnaitre l’amour impossible entre mon pays d’origine et moi.
3. La junte au pouvoir doit savoir que la Guinée ne pourra plus jamais être dirigée comme par le passé. Les temps ont changé. Dans cette posture, la situation sera plus compliquée. C’est la bas Peuple qui va trimer et des innocents y perdront la vie, comme d’habitude. Rien de nouveau sous le soleil Guinéen.
4. Que ceux qui applaudissent les arrestations et les interdiction se souviennent toujours que la roue tourne.
Pauvre Guinée.
Par Paul Théa
— conakrylemag