Dans une émission radiophonique, un activiste de la société civile a affirmé que les Guinéens doivent accepter de passer l’éponge sur les délits économiques commis sous le régime du Général Lansana Conté.
Cette position s’explique par le fait qu’à cette époque l’impunité était la règle et que « plus on volait, plus on était récompensé ». Cela veut dire, selon lui, qu’aucun des acteurs politiques actuels (opposition et mouvance présidentielle confondues) qui ont eu à gérer les biens publics par le passé n’a les moyens propres.
Ce sont des arguments fondés mais contre-productifs.Il est difficile en effet de poursuivre actuellement un homme politique pour enrichissement illicite sans poursuivre d’autres encore pour les mêmes motifs.Autrement, ce serait du « deux poids, deux mesures « . La solution la plus réaliste serait donc de tourner la page et de repartir de zéro.
Cette solution risque cependant d’être inefficace. En effet, les pratiques qui caracterisaient les années Conté sont encore en cours. Les détournements de deniers publics, la corruption, la surfacturation, bref l’enrichissement illicite n’a pas disparu. En cas de changement de régime, on pourrait encore dire qu’il faut tirer un trait sur le passé et prendre des mesures pour le présent et pour l’avenir. On risquerait ainsi d’être dans une situation d’eternel recommencement.
Par ailleurs, ceux qui ont commis hier des délits économiques ne peuvent être poursuivis aujourd’hui sans qu’on ne parle de chasse aux sorcières et ceux qui commettent les mêmes délits aujourd’hui ne pourront être poursuivis demain sans qu’on ne parle de chasse aux sorcières. C’est l’argument le plus facile pour se mettre à l’abri de poursuites pénales. Surtout,dans les cas, lorsqu’ils sont à la tête de partis politiques d’opposition.
En fin de compte, on se demande comment on pourrait un jour lutter efficacement contre les délits économiques dans notre pays.