
Tanatè ? Et les Forces spéciales ? Et la Crief ? Les caprins et les bovins ? Le coq de la basse-cour ? Ça va Aliou Condé ? Bien, Joseph Pierre Tardieu, envoie une chanson là-bas.
Ma moto est en panne depuis une semaine, je n’avais pas d’autre moyen pour rallier Coyah que d’emprunter le seul taxi qui s’y rend régulièrement. Le vieux tacot était si déglingué qu’il perdait toute son huile en cours de route. A son volant, un chauffeur à moitié sourd et aveugle. A quelques encablures de Coyah, c’est un énorme policier en uniforme qui nous arrêta. Le vieillard n’ayant aucun papier à jour, il ne pouvait que subir la dure loi du racket. Comme il feignait de n’avoir rien pour graisser la patte du poulet, ce sont les passagers qui durent en pâtir. Le taximan a commencé à palabrer, pendant plus d’une heure, sur la sécurité et le Code de la route qu’une poule aurait mieux connus. Mon énervement était au plus haut point. Si ma moto n’avait pas été naze, je serais déjà entrain de siroter une délicieuse Guiluxe transpirante en compagnie de mon vieux pote. Le pire, c’est que pendant ce temps-là, un nombre incalculable de véhicules faisait la foutaise au code de la route et le flic ne voyait rien du tout! En fait, il n’en avait cure. Son souci était de retirer les derniers sous que lui cachait le chauffeur de taxi.
Il a fini par cracher 20 mille balles dans le bassinet du racket. Et quand nous avons enfin pu reprendre la route, nous avons mis plus d’une heure à rejoindre le clapier de mon pote. Et quand je suis arrivé, il était déjà reparti au maquis, certainement fatigué de m’attendre. Ne sachant quoi faire, j’ai décidé de repartir. Il fallait encore s’enfourner dans un autre taxi exactement dans le même état que le précédent, et après avoir commencé à zigzaguer dans la circulation dense de ce début d’après-midi, un autre salopard en uniforme nous fit signe de nous arrêter.
Là, c’en était trop. J’ai préféré continuer ma route à pied plutôt que d’attendre encore une heure à absorber la poussière. Surtout que j’ai fait inutilement un premier trajet. Avec les cent balles que j’ai pu sauver, je suis allé tout droit dans le maquis le plus proche pour me désaltérer avec une bonne Guiluxe. Tant pis pour le chauffeur de taxi. Tanatè ? Et le Procureur ? Plusieurs vont tomber parce que l’eau commence à monter. Bonjour aux caprins et aux souris de Lomé.