Tierno Monénembo est au micro d’Arnaud Laporte pour revenir sur son parcours qui trace un chemin entre exil et littérature.
Tierno Monénembo (Ecrivain).
Le 12 janvier 2022, à l’occasion de la sortie de son roman Saharienne indigo au Seuil, l’écrivain Tierno Monénembo revenait sur son parcours et sur ses méthodes de travail.
L’exil vers l’écriture
Tierno Monénembo est né en 1947, il grandit dans la Guinée coloniale, puis dans celle de Sékou Touré. A l’âge de vingt deux ans, il fuit la Guinée pour le Sénégal, puis la Côte d’Ivoire, avant d’arriver en France en 1973.
« Quand je suis arrivé en France en 1973, c’était la mode du gauchisme. Les maoïstes et les trotskystes ont fait de très belles choses. Aujourd’hui, on en veut aux soixante-huitards, mais ils ont fait leur boulot. Ils ont introduit des notions très belles : la liberté d’imaginer, de parler, de créer, pas seulement dans le texte institutionnel, mais dans la vie. Que la vie soit un discours libre. Et ça, je l’ai vécu. Mai 68 était une belle leçon philosophique. » Tierno Monénembo
Etudiant en biochimie, il vit un exil solitaire et se met à l’écriture en parallèle de sa thèse en prenant des notes dans un cahier qui deviendra plus tard son premier roman, Les crapauds-brousse. Il sera édité en 1979 aux éditions du Seuil.
Après une pause de sept ans, Monénembo publie, en 1986, son deuxième roman, Les Écailles du ciel, couronné par le Grand Prix de l’Afrique noire. Suivront Un rêve utile (1992), Un attiéké pour Elgass (1993), Pelourinho (1995), Cinéma (1997) et L’Ainé des orphelins (2000) sur le génocide rwandais. Ces récits ont en commun les thèmes de l’exil, de l’errance, de la mémoire communautaire, le deuil du pays, le désenchantement politique, la folie. L’action se déroule à Salvador de Bahia, au Brésil, à Abidjan ou dans la banlieue lyonnaise, avec toujours la Guinée en arrière-plan.
« L’écriture, c’est un peu l’oxygène. Le besoin d’écrire n’est pas un besoin social, mais physiologique. J’avais besoin d’écrire parce que c’est cela qui me permettait justement de supporter la vie, de supporter l’exil, le monde tel qu’il est. » Tierno Monénembo
L’Histoire comme matière littéraire
Tierno Monénembo est le lauréat 2008 du prix Renaudot pour son livre Le Roi de Kahel qui revient sur l’épopée d’Olivier de Sanderval qui fonde le projet de conquérir à titre personnel le Fouta Djalon et d’y faire passer une ligne de chemin de fer. Si son nom a été oublié, il fut pourtant l’un des premiers colons de l’Afrique de l’Ouest et ses aventures faisaient le régal des gazettes de l’époque. Il travaille en 2012 sur la vie d’un Peul guinéen, Addi Bâ, héros de la Résistance en France fusillé par les Allemands, dans son livre Le Terroriste noir en 2012, livre qui vient former un diptyque informel avec Le Roi de Kahel.
« Si j’avais quitté la Guinée, la Guinée, elle, ne m’avait jamais quitté. » Tierno Monénembo
Son actualité :
- Le roman Saharienne indigo de Tierno Monénembo est toujours disponible au Seuil
Sons diffusés pendant l’émission :
Sons diffusés pendant l’émission :
- Archive d’Amadou Hampaté dans l’émission Mémoire d’un continent sur RFI
- Extrait du discours de Leopold Sédar Senghor à Rome en 1962.
- « Conakry » de Sory Kandia Kouyaté (1970)
- Zoé Valdés dans Affaires Culturelles en mars 2021.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-culturelles/tierno-monenembo-quand-on-met-des-mots-sur-les-plaies-elle-deviennent-supportables-9971704?fbclid=IwAR3tPpXvPhglckIRtym_4tfijjV7AUmNA9jR_Em84xEby93OvNlEy0eskBc
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