
La CEDEAO tente d’obtenir des durées de transition « raisonnables » des juntes au Mali, en Guinée et au Burkina Faso en oubliant qu’il y a des questions de fonds à régler et qui peuvent être sources de tensions demain. C’est le cas par exemple de la candidature des militaires aux prochaines élections.
C’est vrai que toutes les CHARTES de transition dans ces pays disent pratiquement la même chose : « aucun membre de la junte, ni des organes de la transition ne peut être candidat aux prochaines élections ». Mais il y a un piège.
Au Mali, la nouvelle LOI ÉLECTORALE donne bien cette possibilité aux militaires d’être candidats aux prochaines élections. D’abord, l’article 77 alinéa 2 autorise les candidatures indépendantes. Et plus loin, l’article 155 relatif aux dispositions particulières à l’élection du président de la République stipule que « tout membre des forces armées ou de sécurité qui désire être candidat aux fonctions de président de la République doit démissionner ou demander sa mise à la retraite au moins six mois avant la fin du mandat en cours du président de la République ».
L’alinéa 2 du même article raccourcit ce délai en temps de transition : « Toutefois, pour les élections pendant la Transition, les membres des Forces Armées ou de Sécurité qui désirent être candidats aux fonctions de Président de la République, doivent démissionner ou demander leur mise à la retraite au moins quatre (04) mois avant la date de l’élection présidentielle marquant la fin de la Transition. »
C’est clair que ces dispositions sont contraires à la Charte de la transition promulguée le 1er octobre 2020 sur laquelle tout le monde se base aujourd’hui. Mais tout est fait à dessein. La junte sait que la Charte devient caduque dès l’adoption d’une nouvelle Constitution qui pourrait prendre en compte les amendements apportés dans la nouvelle Loi électorale. Elle sait également pourquoi elle a commencé le toilettage des textes par la Loi électorale avant la Loi fondamentale.
Ça devrait attirer l’attention de la CEDEAO. Mais apparemment, elle-même se trouve au bord du gouffre et cherche juste un minimum de garantie pour se sauver la face. Peu importe les questions de fond. D’ailleurs, interpellé sur la question par RFI en marge du 61ème sommet d’Accra, le président sortant de la Commission, Jean-Claude Kassi Brou déclarait : « ces dispositions se retrouvent pratiquement dans toutes les lois électorales de la sous-région ». Comme pour dire qu’il n’y a rien d’anormal. Sauf que quand ça marche pour Goïta ou l’un de ses lieutenants, Doumbouya et Damiba tenteront aussi et bonjour les crises.
Par Facely Konaté journaliste Espace FM