Elle est tombée dans une panne générale qui me cause d’énormes soucis d’équilibre financier. Vous convenez avec moi qu’avec cette période d’aggravation de la vie, ce n’est vraiment pas le moment d’avoir des pétards. Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai perdu le chemin des bars et maquis. Non seulement je n’ai plus de moyen de déplacement, mais j’ai du mal à trouver les sous nécessaires à la réparation de cette foutue voiture.
D’abord, le mécano ne veut pas du tout me faire de cadeau. La première ordonnance mécanicienne que l’enfoiré m’a délivrée est aussi longue qu’un devis pour la construction d’une petite villa. J’aime bien ma voiture. Je serais prêt à tout pour la ressusciter avant Ramadan, mais je suis vraiment coincé. Le diagnostic a détecté des anomalies et des dysfonctionnements partout. Ce qui rend la note bien plus salée que je ne me suis imaginé.
Selon les estimations de mon fameux docteur-voiture, il me faudra au moins six mois de salaire brut pour être à la hauteur des dépenses estimées. Ce qui suppose que je sacrifie une bonne partie de ma consommation journalière de Guiluxe pour économiser suffisamment. Quelle galère ! Rien qu’à penser que je dois renoncer à ce breuvage pour sauver une voiture, ça me déprime dangereusement. C’est vrai que j’ai fini par m’attacher à cette bagnole au point de ne plus pouvoir m’en passer. Ce serait dommage de l’abandonner au moment où elle a le plus besoin de moi; et que moi aussi j’ai besoin d’elle.
Pendant que je réfléchissais à haute voix, il m’est venu l’idée de liquider la carcasse de cette bagnole qui m’empêche de dormir tranquille. C’est bien trop difficile de me séparer de cet engin qui a toujours fait partie de ma vie. L’équation est très difficile à résoudre, je dois l’avouer. Pour rien au monde je ne la vendrai. De même que je ne renoncerai à ma dose journalière de Guiluxe.
Alors, sa réparation prendra le temps que ça prendra. J’attendrai une année s’il le faut. Surtout qu’en circulant désormais en taxi et en magbana, j’ai plus que jamais besoin de me désaltérer plus souvent qu’avant.