La VAR :
Tanaté ? Et le FNDC ? Les bovins et les caprins ? Il y a de quoi se taper sur les cuisses à entendre ces gros lards, qui tiennent les caisses de l’Etat, nous répéter à longueur d’année que nous sommes pauvres. Mon œil ! Qu’ils arrêtent de se foutre de nous ! Quand on est pauvre, on ne passe pas trois mois d’une année de travail à faire la fête.
Ils doivent nous prendre pour des nez percés, lorsque la télé passe tout son journal à nous montrer des cérémonies de présentations de vœux. Rien qu’à regarder le nombre de casiers et les godets qui sont pintés gratuitement par des gars qui ont parfois passé toute l’année dernière à se gratter les testicules, ça me rend furieux. Etre payé pour ne rien foutre et faire ensuite la fête aux frais de la princesse, il y a de quoi fouler la rate de ceux qui tirent le diable par la queue. Apparemment, ceux qui se livrent à ce genre de spectacle n’ont cure de la grande masse qui trime pour obtenir l’hypothétique pain quotidien. Les uns s’emmerdent et les autres s’empiffrent. Ainsi va le pays.
Chômeur et paumé devant l’éternel, je ne suis l’invité d’aucune cérémonie de présentation de vœux. Mais Dieu sait que si j’avais les moyens, je me rendrais dans le maquis le plus proche et commanderais la Guiluxe pour tout le monde. Hélas ! L’avènement d’une nouvelle année est, pour moi et pour plusieurs misérables de mon espèce, synonyme de la même souffrance et de la même galère. Au moment où je regardais, furieux et hébété, les étoiles pour ne pas regarder ces conneries de beuveries à la télé, je n’avais d’ailleurs pas un seul rond pour faire passer la colère qui m’enserrait la gorge avec une bonne mousse bien fraîche. Impossible aussi d’aller essayer de boire un coup avec des potes. Ma moto avait siroté les dernières gouttes d’essence qui lui restaient il y a deux jours.
A défaut d’avoir droit à une cérémonie de présentation de vœux, j’avais envie d’aller présenter mes notes impayées de loyer, d’essence, de riz gras et d’eau fraîche de l’année dernière au ministre des Finances. Si même les plus fainéants de la Fonction publique ont droit aux fêtes gratis de la République, je crois qu’un honnête citoyen comme moi devait avoir droit à un peu d’égards. Pendant que j’y pensais, je me suis offert une bonne Guiluxe dans le maquis le plus proche. Et lorsque la gonzesse de serveuse a apporté la facture, je lui ai simplement signifié de la mettre sur le compte du Trésor public. Ce sera ma manière à moi de me présenter les vœux du nouvel an. Tant pis pour le barman.
— conakrylemag