Afrique

MALICE ET AUDACE POUR LE #POKEMON GO DANS LE CHAOS DE LAGOS

Les Pokemons ont envahi les rues du monde entier, mais le jeu de réalité augmentée est plus adapté aux villes bien entretenues et éclairées comme New York qu’à l’anarchie urbaine de Lagos, mégapole économique du Nigeria.

A première vue, les chauffeurs suicidaires de taxi-moto, les canalisations d’égouts à ciel ouvert et les petits criminels qui rôdent dans les rues n’invitent pas à tenter sa chance dans la chasse aux petites créatures virtuelles.

Mais pour les plus courageux, cela ne fait qu’augmenter l’excitation du jeu : rien ne vaut braver le chaos de cette mégacité de 20 millions d’habitants.

« Ici, Pokemon Go c’est comme Mad Max. T’as intérêt à être malin pour en sortir indemne », plaisante Timi Ajiboye, concepteur de logiciels informatique de 23 ans.

« Parfois, tu peux même pas sortir ton téléphone. Sinon, les voleurs vont te tomber dessus comme des mouches », confie son jeune frère Tade à l’AFP.

Mais jouer à Pokemon Go au Nigeria peut aussi avoir ses avantages, poursuit Tade. « On a plus de chance de tomber sur des Pokemons rares ici, puisqu’on n’est pas dans un pays où le jeu est encore très répandu ».

Il a d’ailleurs croisé pas mal de Bulbasaurs, pièces rares, même s’il n’a pas encore réussi à attraper ces espèces de petites grenouilles vertes, « particulièrement têtues » et rapides.

Officiellement, le jeu n’est disponible qu’aux Etats-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande, mais comme partout dans le monde, les frères Ajiboye ont réussi à télécharger le jeu sur leur téléphone mobile.

Si le Nigeria peut participer à cet élan mondial, c’est que le géant d’Afrique de l’Ouest est aussi le plus grand marché pour le téléphone portable en Afrique.

Les entreprises de télécommunications se sont engagées à couvrir 90% du territoire national en réseau 3G, et commencent à équiper les six villes principales du pays avec la fibre optique, d’après Bloomberg News.

– Pokestop à la mosquée –

Il n’y a pas si longtemps, jouer à Pokemon Go aurait été un rêve impossible dans les rues de Lagos, ville réputée pour avoir un réseau téléphonique vacillant.

Et même si les choses vont bien mieux qu’avant, la plupart des Nigérians continuent à se promener avec deux ou trois téléphones dans leur poche, chacun avec des opérateurs différents pour pallier les coupures d’appels ou les connexions défaillantes.

Malgré les progrès des opérateurs, les ruptures de réseau interrompent bien souvent l’élan de la chasse au campus universitaire de Lagos, où s’entraînent tous les aspirants à la Pokemon-mania.

« Je suis en EDGE!, grogne Tobi Akinnubi, étudiant de 19 ans en chimie, alors qu’il traverse le campus les yeux rivés sur son écran. « Y’a plus rien à faire… »

Pendant ce temps, Timi, un étudiant en français, reste figé sur un trottoir, fixant la route. Au milieu d’une avenue à quatre voies, bondée de minibus zigzagant à toute vitesse entre les embouteillages, Timi a vu un trésor.

Se frayant douloureusement un passage entre les voitures, le jeune homme penche doucement son téléphone… et hop. Quelques secondes plus tard, il lève le bras en signe de victoire : Timi a attrapé un poisson-licorne Goldeen et un Raticate, rongeur mutant aux dents acérées.

Le problème majeur de Lagos, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de Pokestops, ces lieux de ravitaillement disséminés dans les rues où l’on peut récupérer des potions ou gagner des points d’expérience. Le seul Pokestop disponible sur le campus se trouve juste devant la mosquée.

Alors qu’un petit groupe d’étudiants s’est rassemblé sur le lieu de prière transformé en checkpoint virtuel, Esther Mustapha, étudiante de 22 ans en faculté de français, télécharge l’application.

« C’est fascinant. Qui a mis ce Pokemon sur le sol ? », s’exclame-t-elle. Alors qu’elle essaie tant bien que mal d’attraper son premier Squirtle, petite tortue aux yeux de biche, le réseau téléphonique s’évanouit, et l’image du petit monstre se bloque. « Ah non! Réveille toi! »

Mais les joueurs Nigérians devront faire le deuil de bien plus de prises, car à Lagos, la chasse aux petits monstres peut coûter cher. Le jeu n’en vaut pas la chandelle pour Oyinbecks Olajide, un étudiant de 20 ans.

« Tu vas te faire attraper ton téléphone et ton Pokemon! », lance-t-il. Et contre les vrais voleurs, les fausses potions n’y pourront rien.

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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