
Elle est fausse d’abord parce que la souffrance populaire ne distingue pas les gens sur qui elle se déverse. Pour preuve, dans tous les régimes successifs on retrouve, quoiqu’avec une proportion plus ou moins différente (je reviendrais sur cet aspect une autre fois), toutes les composantes ethniques.
En réalité, il y a toujours eu à la tête de ce pays des gens de provenance disparates, partageant les mêmes intérêts non pas politiques dans le vrai sens du terme puisqu’une telle hypothèse aurait impliqué qu’ils fussent à la hauteur, mais purement économiques et mercantilistes et qui sont prêts à tout, y compris l’inadmissible, pour les conserver. Or, il est de leur intérêt absolu que leur manège soit analysé sous un angle biaisé.
Ensuite et peut être même avant tout, la crise guinéenne est symptomatique d’un échec sépulcral et séculaire de l’école républicaine. Nous avons laissé l’éducation familiale, souvent fondée sur la culture du mépris de l’autre, prendre l’ascendance sur l’éducation républicaine.
Le brassage républicain a échoué voire dévoyé à dessein. Le peu qu’il en existait s’est gravement effrité ces 3 dernières décennies. Tenez, à titre personnel, c’est maintenant que je découvre que mon pays est finalement composé d’ethnies et non de citoyens. Tout au long de mon cursus dans l’école publique, je n’avais connu que des concitoyens.
Lorsque nous fûmes lauréats j’ai vu des gens, dont les bourses risquaient d’être bradés au profit d’autres enfants dont les parents sont plus offrants par le ministère de l’éducation, assiéger ledit ministère pendant une semaine. Notre point commun: être citoyen qui exige le respect de son mérite. On se foutait éperdument de la personne du ministre. Pour nous, il était ministre dépositaire d’une autorité publique qui se devait de nous garantir un fonctionnement normal de son institution.
Quelques années plus tard, au Maroc, lorsqu’il fallut dormir à même le sol pendant l’hiver devant l’ambassade de Guinée pour exiger le paiement de nos bourses, là aussi j’ai vu des citoyens et non un lambeau d’ethnies. On se fichait derechef de la tête de l’ambassadeur ou de celle du ministère de l’enseignement supérieur.
Comment voulez-vous que des personnes ayant traversé tous ces obstacles arrivent à se détester au point de s’entretuer. C’est impossible! Pour la simple raison qu’ils se connaissent. Voilà la vertu de l’école républicaine.
Il est alors temps de changer d’angle d’attaque et combattre ceux qui terrorisent et tuent les citoyens guinéens. Combattre quiconque des présidents qui met en péril notre vivre ensemble, fut-il daltonien, que dis-je, fut-il dalmatien. A défaut et au mieux, nous remplacerons un clan par un autre et le résultat sera le même.
Et au pire, nous continuerons d’être dirigés par un clan dont les intérêts économiques ont atteint une telle proportion qu’il ne reculera devant rien, y compris la barbarie ignominieuse, pour continuer à se remplir les poches.
#Lautreinstantdenaïveté.
Par Diallo Hady