10 ans après quel est le bilan de la libéralisation des ondes en Guinée ?

2006-2016, cela fait maintenant 10 ans que les premières radios privées ont commencé à émettre en bande fm à Conakry et progressivement à l’intérieur du pays. Fruit d’un combat de longue haleine la libéralisation de l’espace audiovisuel.

Au dire de certains acteurs, la libéralisation des ondes en Guinée a été âprement négociée avec le régime d’alors. Alors 10 ans après cette libéralisation, que peuvent-on dire du fonctionnement des radios et plu tard les télévisions privées ? Quelles en sont les forces et faiblesses d’après vous ? Quel bilan faites-vous de la libéralisation des ondes ? À ses questions des confrères journalistes et d’autre citoyen ont bien voulu donner leurs témoignages.

Pour Sayon Kourouma :  journaliste à chérie FM Guinée animateur de la célèbre émission Droit de Comprendre :

 

sayon Kourouma
sayon Kourouma

Aujourd’hui, les citoyens ont la possibilité de s’exprimer sur les ondes. Les politiques et autres acteurs participent au débat sur tous les sujets d’intérêt national, chose que les médias d’état ne font pas. Par contre, il y a encore des lacunes surtout quant à la professionnalisation des hommes de médias. 

 

Mady Bangoura rédacteur chef du journal le Populaire.

 

Mady Bangoura
Mady Bangoura

J’avoue que l’avènement des radios privées a énormément contribué à l’édification d’une Guinée paisible, même si la gouvernance reste toujours caractérisée par un laisser-aller qui ne dit pas son nom. Dix ans après donc le lancement des premiers signaux, l’on peut se réjouir du chemin déjà parcouru. Mais toujours est-il qu’il y a un manque énorme à gagner encore. Notamment dans la formation de ceux qui ont opté pour ce noble métier. Car, il n’est pas rare de constater dans le paysage médiatique guinéen des confrères usé de leurs micros, de leurs plumes ou de leurs claviers pour régler le compte à des compatriotes. Ce, en totale contradiction des principes éthiques et des règles déontologiques qui régissent l’exercice du métier. 

 

Le directeur Commercial et Marketing  de visionjeunes.com Mamadou Saliou Barry

Mamadou Saliou Barry
Mamadou Saliou Barry

Je pense que depuis 10 ans les choses ont évolués même si c’est avec une certaine lenteur. La libéralisation du monde audiovisuel en Guinée a eu un impact très positif, car c’est ce qui a permis aujourd’hui à beaucoup de personnes d’avoir certaines informations qu’ils jugent fiable. 

La libéralisation de l’audiovisuel en Guinée avec l’apparition des radios et télévisions privées a mis fin à un monopole de près de 30 ans que détenait la Radio télévision guinéenne (RTG) dont l’accès n’est pas jugé équitable par les opposants politiques.

De plus, elle a permis à des groupes de communication privés de se positionner sur ces nouveaux marchés.
Pendant ces dix années, le secteur s’est considérablement élargi petit à petit, le nombre de chaînes de télévision et des fréquences de radio ont augmenté et leur couverture s’est renforcée.

Par contre, le paysage s’apparente à tantôt à un jardin, tantôt à une savane épineuse, tantôt à une brousse féconde et désordonnée. Dans un tel enchevêtrement, le consommateur d’information a besoin de repères.
L’environnement du secteur souffre de carences liées à l’organisation de la programmation audiovisuelle, la formation, la définition et l’accès aux métiers de l’audiovisuel, la production de certaines émissions, l’organisation approximative du marché publicitaire.

L’environnement économique peu favorable a donné cours à une sélection naturelle qui pourrait être moins féroce. Réorganiser la régulation du marché publicitaire dans l’audiovisuel est devenu impératif. Ces différents aspects méritent une réflexion approfondie 

 

L’administrateur et fondateur de guineetimes.com Amadou Touré

 

Amadou Touré
Amadou Touré

Les radios et Télés sont pauvres faute de marchés publicitaires il y a risque de fermeture de beaucoup de radios et télé comme dans certains pays. Après la période d’éclosion, ces médias semblent abandonnés à eux même les difficultés techniques, financières et de ressources humaines sont réelles. L’État peut aider dans sa législation. Auprès des sociétés qui doivent allouer des lignes budgétaires à la publicité dans ces médias ca se fait d’ailleurs dans certains pays. Cela peut éviter le journal, la radio, la télé ou le site de céder à la corruption. En termes de formation, le défi est grand… Et pour les journalistes et pour les dirigeants. 

 

Pour Abdourahmane Diallo administrateur et fondateur du site d’information guinee3.com

Abdourahmane Diallo
Abdourahmane Diallo

Je pense que l’arrivée des radios et télévisions privées a changé la donne. Pour la première fois, le Guinéen, le citoyen a eu la parole. Etant moi-même fruit de ces radios, je sais de quoi je parle. Mais il faut que les radios soient indépendantes financièrement. Le marché de publicité est trop faible dans notre pays. Certaines radios font un excellent boulot par contre d’autres laissent à désirer. La formation des journalistes en font défaut.

 

 

Pour Moustapha Barry Le président de l’ONG Agir Tous Pour.

 

Moustapha Barry
Moustapha Barry

Les faiblesses : atteinte à la vie privée, faute de budget de production, les programmes sont pauvres, insuffisance du personnel renforcement de la division, etc.
Les forces ; pluralité d’ information, rapprochement de la population aux réalités. Contribue à l’éducation et à la formation des citoyens, etc. 

 

Thierno Amadou Makadji  Directeur de publication, du site  foot224.com

Thierno Amadou Makadji
Thierno Amadou Makadji

De 2006 à ce jour, les radios ont connu une relative progression. Mais elles se heurtent surtout à la conjoncture économique du pays. Pour la plupart étant commerciales, elles ont du mal à vivre, supporter les différentes charges liées à leur fonctionnement. La subvention de l’État est très faible et le marché publicitaire est pauvre. Ceci a une conséquence directe sur le contenu proposé aux auditeurs.

Avec une grande partie du personnelle composée de stagiaires non rémunérés et une frange des employés avec un faible salaire, les journalistes sont exposés à un grand risque de corruption. Les conditions de travail sont très difficiles. Imaginez un journaliste avec un revenu mensuel de 500, 000 francs guinéens (50 euros). Comment avec ce genre de traitement avoir un bon rendement et être professionnel ? On nous apprend à l’école qu’on n’exerce pas ce métier pour être riche. Mais, faut-il encore être capable de vivre de son travail.
Les radios doivent également progresser dans le traitement de l’actualité notamment politique. Depuis des années, les débats tournent autour des mêmes sujets et parfois, ils contribuent à envenimer les choses peut-être de façon inconsciente. Il y a également le défi de la formation qu’il faut relever. Le journalisme n’est pas un métier qu’on exerce par défaut.
Nous journalistes devons encore plus nous former surtout à l’heure de l’expansion du numérique. Savoir utiliser les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Snapchat). Approfondir les enquêtes. Car le public devient aussi de plus en plus exigeant. Il y a certes du progrès, mais il y a encore une grande marge qui reste à combler. 
Alpha MoNan Binta Diallo Directeur de publication du site zoneafrique.com
Alpha MoNan Binta Diallo
Alpha MoNan Binta Diallo

L’avènement des radios privées en Guinée a dans une certaine mesure contribué à la démystification des sujets sensibles au niveau local. Même s’il faut encore déplorer le bas niveau des débats dans ces radios. Outre, le caractère appauvrissant et piteux qui caractérise la plupart des médias guinéens, les radios regorgent des journalistes dont la formation reste à désirer. On s’en fout de la grammaire et de l’orthographe. Le français est tout simplement massacré. À ceci, il faudrait que l’institution de régulation et les associations de presse veuillent au respect de l’éthique et de la déontologie. 

Souadou Djouldé Baldé journaliste en formation à la Radio Familia FM est catégorique.
Souadou Djouldé Baldé
Souadou Djouldé Baldé

Petite remarque : le côté négatif de cette presse, certains journalistes sont tout simplement incompétent du au manque de formation car en Guinée n’importe qui peut exercer le métiers de journaliste. Excusez-moi, mais, c’est du grand n’importe quoi. Autrement, les journalistes manquent de respect en Guinée et sont exposées a tout sorte de danger et de violence. 

Pour Mamadi Terna Kamissoko journaliste et producteur à Search For Common Ground Guinée
Mamadi Terna Kamissoko
Mamadi Terna Kamissoko

10 ans après la libéralisation des ondes, le bilan :
 D’abord institutionnels avec la facilité accordée dans la délivrance des licences, fréquences et agréments. Résultats, Près d’une centaine de radios privées émettent dans le pays et d’autres s’apprêtent. Il y a aussi que l’arrivé des radios privées a favorisé la création d’emplois pour les jeunes sortant des écoles de journalistes sans oublier la diversification des sources d’information aux populations. Un autre acquis, c’est l’accompagnement des processus électoraux à travers la synergie des radios.

En terme de défis, il y a besoin criard de formation chez les journalistes, la fraude généralisée dans la gestion des fréquences (2 ou 3 stations de radio qui émettent sur la même fréquence), le faible taux de couverture du territoire national
Pour Facely Konaté Rédacteur en chef, à Zaly Liberté FM N’Zérékoré
Facely Konaté
Facely Konaté

D’abord, il faut dire que 10 ans après, la libéralisation des ondes est encore une réalité avec la floraison des radios et TV à travers le pays. Certes, il y a eu des avancées, mais beaucoup reste également à faire. Surtout quand on sait qu’il y a encore des licences qui dorment dans des tiroirs.

Aussi, 10 ans après cette libéralisation, nous constatons que cela n’a rien apporté aux conditions de vie et de travail des journalistes des médias audiovisuel. Ils sont nombreux des journalistes qui vivent dans des conditions précaires parce que simplement, ils ne sont pas payés.

Selon des enquêtes réalisées récemment, 77% des journalistes n’ont pas de contrat avec les patrons. Autrement dit, les gens évoluent dans le bénévolat. Cette situation est encore pire à l’intérieur du pays. Conséquences: la banalisation de la profession puisque tout le monde peut devenir aujourd’hui journaliste mais aussi la naissance des journalistes escrocs et alimentaires.

Mais en dépit de cette triste réalité, force est de reconnaître que la libéralisation des ondes a joué et continue de jouer un grand rôle dans le processus de développement et de démocratisation du pays, l’accès des citoyens aux informations essentielles, la liberté d’expression etc…..

Pour Abdourahim Diallo Chef de Pub chez Havas Africa Guinée, Gérant Associé Suk’Arts, Manager d’Artistes et Producteur.

Abdourahmane Diallo
Abdourahmane Diallo

Dix années se sont écoulées depuis que les Guinéens ont pu entendre un autre point de vue que celui qu’offraient les médias d’état. Grace à cette libéralisation, nombres de médias privés ont jailli. Mais dix ans après, tel un enfant qui affronte ces premières années, quel bilan tirer ?
Si l’engouement et la ferveur ont marqué les premières années de cette libéralisation, l’on a vite compris que la liberté d’expression ou la liberté toute courte avait un prix. Trouver l’équilibre parfait entre la liberté d’expression et la survie économique reste encore une équation insolvable. 

 

Pour Alimou Sow Moniteur des Médias, à Mission d’Observation électorale de l’Union européenne en Guinée (MOE UE).

 

Alimou Sow
Alimou Sow

Libéralisation de l’audiovisuel guinéen : 10 ans après, quel bilan ? La libéralisation des ondes en 2006 a été obtenue de haute lutte et a profondément modifié le paysage médiatique guinéen. L’arrivée des radios privées a mis fin au long règne sans partage de la chaine nationale, la Radio-Télévision Guinéenne (RTG). Dix ans après, la radio reste et demeure le média le plus suivi en Guinée devant la télévision, la presse en ligne et la presse écrite.

Cette suprématie est due en grande partie au niveau très élevé d’analphabétisme que connait le pays. La radio raccourcit les distances et grâce à elle, la maitrise de la langue française n’est plus forcément un obstacle pour s’informer ou pour exprimer son opinion.

L’arrivée des radios, et plus récemment des chaines de télé privées, a contribué à l’épanouissement de la liberté d’opinion et d’expression. Ces deux médias continuent également à jouer leur partition dans l’enracinement de la démocratie dans notre pays en donnant la parole aux acteurs et aux citoyens ; même si le défi reste encore grand à ce niveau.

En une décennie, la radio a certes connu de belles performances mais les défis sont encore importants. Sur le plan de la gouvernance, la plupart des radios privées sont confrontées à des difficultés : gestion de personnel, autonomie financière, rentabilité, etc.

Sur le plan éthique et déontologique, je pense qu’il y a également énormément du travail à faire pour qualifier les journalistes et techniciens. On regrette, hélas, de nombreux dérapages verbaux, surtout dans les émissions interactives. Par ailleurs, on note avec regret la concentration des radios et télés dans la capitale Conakry, au détriment des régions de l’intérieur même s’il faut reconnaître qu’à ce niveau le désenclavement qui fait son petit bonhomme de chemin.

De façon générale, je pense que les médias, dans leur écrasante majorité, doivent acquérir leur réelle indépendance économique à travers une gouvernance professionnelle et responsable, qualifier leur personnel pour offrir une information libre et indépendante. Ils devraient aussi dépolitiser le débat pour faire émerger une opinion nationale plus homogène. Bref dix ans, c’est un bel âge mais on reste encore très jeune.

En mariage, 10 ans correspondent aux noces d’étain, un métal connu pour ses propriétés éclatantes mais qui reste très malléable. De mon point de vue, les radios privées guinéennes qui célèbrent leur dixième anniversaire, sont encore à l’image de l’étain. 

 

Pour Fodéba Bangoura  de la PCUD Plateforme Nationale Des Citoyens Unis Pour Le Développement et administrateur du site guineecible.com

 

Fodéba Bangoura
Fodéba Bangoura

Avant 2006 la Radio télévision Guinéenne (RTG), groupe de médias d’État, occupait sans partage l’espace audiovisuel Guinéen. A un moment donné les citoyens se sont rendus comptent qu’ils ont des droits et parmi lesquels, la liberté d’expression et d’information. Ils se sont donc battus à travers les organisations de la société civile pour mettre la pression sur les gouvernants d’alors afin de leur faire comprendre la nécessité de libérer ce secteur.

C’est ainsi que le gouvernement à décidé de coopérer pour la libéralisation des ondes. Dès la libéralisation de ce secteur, il s’est très vite développer par l’émergence des radios publiques à caractère communautaire et des stations privées à caractère commerciale limitées en couverture. Des radios privées internationales diffusent aussi des programmes en Guinée et parmi celle-la, il faut citer BBC, RFI et Africa N1.
Faiblesses et constats sur le fonctionnement de ces radios tv privées.
Insuffisances des moyens financiers et logistiques pour le fonctionnement normal
Manque de personnel qualifié
L’animation culturelle occupe près de 50% du programme des radios et tv par manque d’émission 
Manque de journalistes d’investigation
Manque de journalistes spécialisés sur les domaines différents ( soial, politique, économique, droit, relations internationales, environnement…….)
Certaines radios ne respectent pas le cahiers de charges.

Forces:
Il faut noter que la prolifération des radios et tv privés a contribué largement à l’exercice de la liberté d’expression en Guinée à travers les émissions débats, antenne libre, des interviews, conseils, éducation, sensibilisation et information. Je termine par ceci  » la presse rend service à l’Homme au même tire que la lumière lui rend dans une obscurité » 

 

 

Par kindy Dramé

PAR CONAKRYLEMAG.COM

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