Aujourd’hui mon connard de voisin est en deuil. C’est le seul ami que j’ai dans la cour commune où j’habite même si c’est un connard. Il a perdu son chien, son meilleur compagnon. Depuis qu’il m’a annoncé la triste nouvelle, j’ai commencé par me sentir mal aussi.
Quand je me suis touché, j’ai senti que mon corps était chaud. Depuis deux jours, j’ai une toux qui ne finit pas. J’espère que le cerbère ne m’a pas filé un vilain virus avant de crever.
Rien qu’à y penser, j’ai la plus grande peur de ma vie. Je m’imagine avoir chopé la pire maladie en cette fin d’année de tous les dangers dans ce pays. La rage ? La grippe aviaire ? Je sais que le chien du voisin raffolait des poulets morts qu’on jette dans le caniveau d’à côté. Comme son proprio n’avait cure de sa santé, alors il l’a laissé ingurgiter n’importe quoi, au risque de transmettre ses saloperies aux pauvres locataires que nous sommes.
Mon angoisse est d’autant plus fondée qu’un chien errant, ça finit par vous transmettre n’importe quoi. Particulièrement ce dogue auquel on n’avait jamais fait la moindre injection contre quelque menace sanitaire que ce soit. A l’instar des petits mendiants qui déambulent de porte à porte dans le quartier, il allait de caniveau en caniveau, mangeant tout ce qui lui passait sous la gueule. Il n’avait pas de totem, ce chien qui nous était si proche.
Le plus dur pour moi serait que je me rende compte qu’il m’a transmis le virus Zika, cette maladie que les Etats-Unis agitent partout. Un des habitants de notre quartier est revenu du pays de l’Oncle Sam la semaine dernière. Et personne ne sait s’il avait le moustique portant la terrible maladie dans les vieilles valises qu’il a rapportées.
J’en ai marre de vivre dans la peur des épidémies qui nous tombent dessus de partout. J’ai déjà du mal à faire face au palu, à Ebola et à la méningite. A l’allure où va ce pays ouvert à tous les vents, je crains surtout que la Guiluxe ne se retrouve contaminée par je ne sais quel p… de microbe.
— conakrylemag