
Il fait actuellement une chaleur pas possible. Avec cette canicule, ma piaule est carrément hors service. Il y fait si chaud que je n’ai pas d’autre choix que de dormir dehors. Comme ça, je fais d’une pierre deux coups. J’évite de me faire cuire par la chaleur et j’économise sur ma consommation d’électricité. En plus, ma clim s’use moins.
A quelque chose la période chaude est bonne pour un fauché comme moi. Sauf que dormir dehors n’a pas que des avantages. Surtout lorsqu’on habite dans une cour commune.
Mon matelas est tellement vieux que j’évite de le sortir trop tôt la nuit. Qui est fou ? A la belle étoile, tous les chats ne sont pas gris. Et mes enfoirés de voisins aiment se mêler de ce qui ne les regarde pas. Pour ne pas devenir l’objet d’un voyeurisme malsain, j’ai décidé d’étaler ma couchette seulement lorsque tout le monde ou presque est rentré dans sa chambre.
Il y a toujours un ou deux énergumènes qui rentrent plus tard que moi, mais ils arrivent tellement ivres qu’ils n’arrivent pas à faire la différence entre un matelas neuf et un matelas pourri. Tout ce que je redoute d’eux, c’est qu’ils ne se trompent pas pour venir pisser sur moi.
A vrai dire, le problème, ce n’est pas les voisins soulards et couche-tard. C’est plutôt les voisines lève-trop-tôt. Dans la cour commune où j’habite, je suis coincé entre deux gourgandines. Une petite vieille et une jeune divorcée avec deux mômes qu’elle doit se débrouiller pour nourrir. Cette dernière n’a pas trouvé mieux à faire que des lafidis matinaux.
Quand elle se met à l’œuvre, c’est mon sommeil qui en prend un gros coup.
Quand elle ouvre sa porte, on a l’impression que c’est un des vieux hélicoptères de tonton Mamy qui tombe sur la cour commune. Lorsque je passe le plus clair de ma nuit à me taper une fraiche, j’ai le temps d’avoir quatre heures de sommeil avant le réveil mouvementé de la voisine.
C’est pratiquement dans mes oreilles qu’elle vient piler ses gombos et autre aubergine. Du coup, je dois me lever pour regagner mon four de chambre ou faire semblant de ne rien entendre. Après deux mois de supplice caniculaire et de nuisances sonores, je pense qu’il n’y a plus d’autre solution que de déménager.
Mais puisque je n’ai pas les moyens d’éviter le bruit et la chaleur, j’ai décidé d’aller habiter près d’un bar. Par exemple, vider madame Charlie Fall de sa boutique de prêt-à-porter et je serai dans et à côté de Pyabounyi, mon maquis préféré. Comme ça, au moins, je n’aurai plus besoin de dépenser de l’essence pour me rendre chez moi.
Je ferai une triple économie pendant la canicule. Et même si je ne dors pas assez, j’irai voir, à l’heure de la pause, David, un de mes vieux potes qui travaille à la banque pour faire la sieste dans son bureau climatisé. Kaa ?