Conflit Diplomatique Conakry-Bruxelles : L’Espoir pour les Sans-Papiers Menacés d’Expulsion
La tension monte entre Conakry et Bruxelles, suite à la décision des autorités belges d’expulser une dizaine de sans-papiers guinéens par vol charter. Cette situation a suscité une réaction immédiate et ferme du gouvernement guinéen, déclenchant une crise diplomatique entre les deux pays.
La réaction de Conakry, dirigée par le ministre des Affaires Étrangères Dr Morissanda Kouyaté, a été rapide et vigoureuse. Protestation officielle, convocation du diplomate belge Guy Hambrouck, activation d’une cellule de crise : la Guinée exprime clairement son refus d’accepter cette mesure qu’elle considère unilatérale et inacceptable. La demande de la Guinée à la Belgique de suspendre ce projet démontre la fermeté de sa position.
Dans un contexte où les relations entre les deux pays sont déjà tendues, cette décision belge a été reçue comme un affront par Conakry. L’annulation du vol prévu pour le 19 décembre 2023 est une victoire pour l’instant pour les sans-papiers concernés et pour les associations de soutien aux migrants.
La Guinée, qui figure parmi les principaux pays d’origine des demandeurs d’asile en Belgique, se trouve ainsi au cœur d’un débat plus large sur les politiques migratoires européennes. Les déclarations de Nicole de Moor, la Secrétaire d’État Belge à l’Asile et la Migration, soulignent la difficulté pour les Guinéens d’obtenir l’asile en Belgique.
La position ferme adoptée par Dr Kouyaté, affirmant que la Guinée n’acceptera plus les rapatriements jugés « sauvages » de ses ressortissants, indique une nouvelle stratégie dans la gestion des relations migratoires. Cette approche, décrite par le ministre comme une politique du « œil pour œil, dent pour dent », marque un tournant dans les relations diplomatiques guinéo-belges.
La demande de Conakry pour des clarifications supplémentaires sur le rapatriement des Guinéens vivant en situation irrégulière en Belgique reflète le besoin d’une gestion plus transparente et respectueuse des droits humains dans ce processus. Le gouvernement guinéen insiste sur l’autorisation préalable et la coordination efficiente pour tout rapatriement, soulignant son engagement envers la protection des droits de ses citoyens.
Cette situation pose des questions cruciales sur l’équilibre entre la souveraineté nationale et les obligations internationales en matière de droits humains, ainsi que sur le rôle des pays d’origine dans la gestion des flux migratoires. Comment les pays comme la Guinée peuvent-ils s’assurer que leurs citoyens soient traités équitablement et avec dignité, même en situation irrégulière à l’étranger ? Quelles sont les responsabilités des pays d’accueil dans le respect des droits des migrants ?
Cette crise diplomatique entre Conakry et Bruxelles ouvre ainsi un débat plus large sur la migration et les droits humains, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les pays d’origine et d’accueil dans la gestion des mouvements migratoires.
Affaire à suivre…
Par Ibrahima Dramé pour conakrylemag.com
— conakrylemag