
Dimanche, 7 juillet de l’an de grâce 2019, deux heures avant le match. Tanatè ?
Et les bovins, les caprins, le coq de la basse-cour, les chats de Charlotte Fall?
Bien je vois que tout le monde se porte comme un charme. Moi, c’est pas facile parce que fatigué d’aller négocier les serveuses avant qu’elles me servent ma Guiluxe, j’ai décidé de changer de maquis. Je ne pouvais pas continuer de me faire escroquer alors que c’est moi qui paie.
Le pouvoir d’achat, ça doit avoir une valeur dans ce pays. Surtout par ces temps de galère. Elles n’ont aucun sens des affaires, ces vieilles gonzesses qui n’ont pas trouvé d’autre job que de décapsuler les bouteilles dans les bars. Au lieu de cajoler un client aussi régulier que moi, elles préfèrent courir derrière de vieux édentés qu’elles croient plus feuillus et certainement aussi idiots pour les escroquer sans même leur donner le moindre bisou sur la bouche.
Moi, en tout cas, j’ai fini avec ce marché de dupes. Cette année, j’ai décidé de manger mon argent tout seul. Déjà que ça ne me suffit même pas pour m’assurer trois bouteilles de Guiluxe par jour. Les filles aiment trop cadeau. Elles aiment trop ça, pour reprendre le président de la fédération guinéenne de football. Et moi je ne suis pas dingo. Elles n’ont qu’à aller voir ailleurs. Dans le nouveaux maquis où je suis allé établir mes pénates, ce sont des hommes comme moi qui servent. Ils n’ont donc pas besoin de pourboire. À moins que je décide d’être généreux avec eux.
En plus, on y trouve toutes les bières, y compris cette fameuse faxe noire qui faisait faux bond à plusieurs de mes potes qui ont jeté leur dévolu sur ce breuvage comme si c’était un médecin qui le leur a prescrit. En tout cas, je ne sais pas ce qui pourrait me faire renoncer à ma chère Guiluxe. Surtout pas une nouvelle bière qui se fait désirer comme si elle était distribuée gratuitement.
Pour ma première virée dans mon nouveau coin de gnole, j’ai eu la chance de tomber sur une bière bien tapée. Une bouteille idéale pour se calmer les nerfs et se rafraîchir les idées. Mais avec le froid qui me chicotait les narines, je n’ai pas pu savourer tout le plaisir de boire frais et de roter comme un vieux con.
Comme le maquis était climatisé, il n’était pas du tout facile de s’exposer trop longtemps à une température basse. Il faisait si froid que je ne pouvais même pas caresser la bouteille. Il fallait renoncer à certains plaisirs dont j’étais accoutumé ou choper une grippe. Malgré l’hospitalité des lieux, j’ai été obligé de partir juste après une et une seule Guiluxe.
La pluie que j’ai dû affronter en rentrant chez moi ne m’ont pas fait de cadeau. Je tremblais en poussant la porte de mon clapier. J’ai juste eu le temps de me jeter dans mon lit et de me blottir sous ma couverture. Je pensais que j’allais mourir le lendemain. Dieu merci, je suis toujours vivant.
Mais n’allez surtout pas me chercher la prochaine fois dans ce foutu maquis. Je me suis approvisionné en quelques bouteilles de Guiluxe que je vais conserver dans mon canari. Chaque soir, je peux boire au chaud, dans le fond de ma maison. Hic !