Économie guinéenne : Résilience face aux chocs externes, selon le FMI
Conakry – Confrontée à des chocs extérieurs majeurs, notamment la guerre en Ukraine, la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant, la Guinée fait preuve d’une certaine résilience, selon Nérée Noumon, représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) à Conakry. Dans un entretien accordé à Africaguinée.com, l’expert revient sur la dynamique économique du pays, les risques d’endettement et les perspectives à court terme.
Croissance soutenue malgré les turbulences mondiales
« La Guinée a connu une croissance robuste ces dernières années, oscillant autour de 5 à 6 % »
« La Guinée a connu une croissance robuste ces dernières années, oscillant autour de 5 à 6 % », affirme M. Noumon. En dépit des effets négatifs de la crise sanitaire mondiale et des tensions géopolitiques, l’économie guinéenne est restée dynamique, notamment grâce à l’exploitation minière – en particulier la bauxite – et à la consommation intérieure.
Cependant, l’expert souligne que cette croissance reste insuffisante pour absorber pleinement le chômage et faire reculer significativement la pauvreté. « Il faut une croissance plus inclusive et mieux répartie sur l’ensemble des secteurs », précise-t-il.
Inflation maîtrisée, mais vigilance requise
L’inflation, un des principaux défis pour les pays en développement, s’est stabilisée en Guinée autour de 6,5 % en 2023, contre plus de 12 % en 2021. Cette amélioration résulte, selon le FMI, d’une politique monétaire prudente et d’une meilleure gestion des dépenses publiques.
Mais les risques persistent. L’augmentation des prix mondiaux, notamment des céréales et du carburant, exerce une pression sur les importations et le coût de la vie. « La lutte contre l’inflation doit rester une priorité, en combinant rigueur budgétaire et soutien ciblé aux populations vulnérables », recommande Noumon.
Une dette encore soutenable, mais à surveiller
Concernant la dette publique, l’expert du FMI se veut rassurant : « La Guinée reste en situation de viabilité de la dette, avec un risque modéré de surendettement ». Il invite toutefois les autorités à maintenir la discipline budgétaire, éviter les emprunts non concessionnels et améliorer la transparence dans la gestion des ressources.
Il souligne également l’importance d’un bon usage des ressources minières, qui doivent servir à financer les infrastructures et les services sociaux de base, plutôt qu’à accroître la dette.
Coopération renforcée avec les institutions financières
Le FMI poursuit sa collaboration technique avec la Guinée, notamment à travers le renforcement des capacités institutionnelles et l’appui à la réforme des finances publiques. Un nouveau programme pourrait être envisagé, mais dépendra des discussions à venir avec le gouvernement.
En conclusion, Nérée Noumon appelle à une gestion prudente de l’économie dans un contexte mondial incertain : « La Guinée a des atouts, mais elle doit consolider ses acquis et mieux répartir les fruits de la croissance pour répondre aux aspirations de sa population ».
— conakrylemag




