
Alors qu’on n’a pas fini de parler du poulet grippé qui grippe les hommes et les envoie ad patres. Et alors qu’on s’étripe encore les méninges pour trouver un remède à la poussée de fièvre qui enfièvre les maladies infectieuses, voilà que la terre elle-même joue avec le mercure. Les Terriens ne savent plus où donner de la tête.
Leur planète est malade, grippée par une méchante fièvre qui, ont averti récemment les scientifiques, risque de la, euh, «chaudifier» mal mal.
Réunis à Marrakech, au Maroc lors de la 22e conférence des Nations unies (ONU) sur les changements climatiques, ou COP22, pas moins de cinq cents experts ont été unanimes, après avoir ausculté notre bonne vieille planète sous toutes ses coutures pendant de longues années, pour reconnaître qu’elle va plutôt mal. Leur rapport scientifique donne des frissons. Au train où vont les choses, la température de notre chère planète devrait passer de 1,8 °C à 4 °C en 2100, et le niveau des mers s’élever de 28 cm à 43 cm. Et cela, du fait des hommes eux-mêmes!
Jamais, en effet, constate-t-on, «les concentrations de dioxyde de carbone n’ont été aussi élevées depuis 650 000 ans»! De plus, «tout ce qui bouge sur la planète, glaciers, neige, océans en surface, témoigne de la réalité du réchauffement». On comprend donc que le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) tire 650 000 fois la sonnette d’alarme afin que Dame Terre ne meure pas de sa fièvre. Une fièvre très grave, qui conduira «les événements climatiques extrêmes et les vagues de chaleur à se multiplier, les précipitations à augmenter dans l’hémisphère Nord et les sécheresses à s’aggraver, tandis que l’intensité des cyclones devrait s’accroître».
Au bas mot, «plus de deux millions de personnes seront amenées à déménager».
Bon. Tout cela peut paraître lointain, trop barbare, voire surréaliste pour certains. Pourtant, le sujet est préoccupant, si universel qu’un appel a été lancé pour que chacun contribue à faire baisser la température de la Terre. En France, l’association «Les Amis de la Terre» avait ainsi initié une opération dite «cinq minutes de répit pour la planète», une action symbolique pour sensibiliser les citoyens à la question du réchauffement climatique. Juste cinq minutes sans électricité en guise de signal à la promotion de comportements écocitoyens.
Sans doute qu’en guise d’aspirine ou de paracétamol pour «désenfiévrer» la Terre, il y a mieux, mais ne dit-on pas que ce sont les petits ruisseaux qui font les grands fleuves? Au secours, Ta terre se meurt.
Abdoulaye Sankara