En ce mardi 5 décembre de l’an de détresse 2017, devinez où je suis, les coudes posés sur quelque chose, la main caressant un objet oblong de couleur jaunâtre, les narines dilatées de plaisir, les yeux saumâtres et glauques, les sourcils froncés d’impatience à chaque minute qui passe et me vieillit.
Je suis là et j’attends. J’attends l’an 2018. Je l’attends de pied ferme et j’ai hâte qu’il vienne exaucer tous les voeux de bonheur et de prospérité qu’on a tant promis et ressassés depuis que Jésus est né.
Mais Jésus, il est loin, Jésus ! Il n’est pas vraiment avec nous et la preuve c’est qu’il s’en fout de notre sort. Je lui souhaite joyeux Noël là-haut et j’espère qu’en nous regardant faire la mamaya ici-bas, il ne va pas précipiter la fin du monde, ivre d’une rage accumulée depuis des millénaires.
Et moi, j’attends. J’attends tout ce qu’on m’a promis pour l’an 2017. On me disait : logement pour tous, santé pour tous, vaccins pour tous et bla-bla-bla pour tous…
Apparemment, y a plutôt foutaise pour tous. Pas la peine de se croire obligé, comme d’habitude, de faire des bilans parce qu’on ne sait même pas à qui demander des comptes et les responsables ne rendent justement de comptes à personne. Faites des bilans, si ça vous amuse, faites le bilan des bilans, remontez à la colonisation et à l’esclavage, à l’épopée de Samory Touré, vous verrez que, dans le fond, l’histoire ne change pas beaucoup : il y a toujours des gros corrompus et des affamés malades. Et tout ça, ça changera pas le 31 décembre à minuit… Il se passera rien ce jour-là. Il se passera rien parce que ceux qui décident dans ce bas monde, c’est pas des hommes, c’est des cons. Des cons qui se branlent de changer quoi que ce soit et surtout pas sous prétexte qu’on a changé de millénaire.
Et moi j’attends toujours, les coudes posés au même endroit, la main caressant une bouteille à présent vide, les yeux embués d’émotion et une envie pressante d’aller aux chiottes… J’attends que le Père Noël descende du ciel et même si je n’y crois pas plus que les prédictions de Nostradamus, j’espère que la fin du monde des cons est proche.