Tanzanie Il était une fois le « Mwalimu »

En atterrissant, à 22 heures locales ( 19 heures TU ) ce mercredi 17 avril 2019, à l’aéroport de L’ancienne capitale Tanzanienne ( après un vol de 17 heures entre Mohammed V – Charles de Gaulle – Schiphol – Kilimandjaro – Dar es Salam), impossible de ne pas se souvenir de  » Mwalimu » (instituteur en Langue Swahili et Titre de sagesse dans l’interprétation et la conscience africaine). Le feu Président Julius Nyerere, puisque c’est de lui qu’il s’agit, père de l’indépendance et de l’Union de la Nation Tanzanienne, membre fondateur de L’O.U.A ( Oraganisation de l’Unité Africaine), éminent leader des pays de la ligne du Front, grande figure du Mouvement des Etats Non Alignés, était un patriote Tanzanien, mais aussi et surtout un panafricaniste convaincu et engagé. 
Brillant cadre né en 1922 et diplômé des Universités de Makerere en Ouganda et Édimbourg au Royaume uni, Julius Nyerere prend, à 31 ans en 1953, la présidence de la TAA (Tanganyika African Association), qu’il transforme rapidement en un véritable parti politique (le Tanganyika African National Union) le TANU ( qui fusionne avec L’ASP de Karume pour créer en 1977 le Chama cha Mapinduzi ) CCM, c’est-à-dire le parti de la Révolution.


et prône l’indépendance. Sans violence, la puissance coloniale ( l’Angleterre) accorde, le 9 décembre 1961, l’indépendance à la Tanganyika. D’abord, Premier ministre, Julius Nyerere, à la suite des élections de décembre 1962, devient le premier président de la République du Tanganyika. L’homme d’état qu’il était déjà continue cependant le combat pour l’indépendance de Zanzibar et Pemba, obtenue finalement le 10 décembre 1963.

Mais, à peine un mois plus tard, en janvier 1964, les tensions communautaires qui couvent depuis des années se libèrent et le parti ASP (Afro-Shirazi Party), étant écarté depuis longtemps du pouvoir alors qu’il est majoritaire dans les urnes, déclenche une révolution. Celle-ci fait de nombreuses victimes dans les rangs des communautés arabes et indiennes, et on estime à environ 10 000 le nombre de personnes qui furent massacrées dans la nuit du 11 au 12 janvier 1964 à Zanzibar. À la suite de ce renversement, Sheikh Abeid Karume, chef de l’ASP, devient président de la République de Zanzibar et se rapproche du Président Nyerere.
A cet effet, la Tanzanie actuelle, née de l’union, le 26 avril 1964, de ces Etats (Tanganyika, de Zanzibar et Pemba) est largement son oeuvre. Logiquement, Julius Nyerere devient le président de l’État nouvellement créé, tandis qu’Abeid Karume (le leader de l’Afro-Shirazi Party) ASP, tout en restant président de Zanzibar, devient vice-président de la Tanzanie.

Soucieux d’accélérer l’émancipation des Africains par rapport au monde occidental, inspiré des expériences communistes en Chine, Nyerere s’engage résolument dans une politique socialiste. En février 1967, lors de la déclaration d’Arusha, il définit les principes et doctrines qu’il souhaite voir suivre par le pays. Selon l’idéal de Nyerere, le socialisme africain doit conduire à la création d’une société égalitaire, juste, solidaire, qui trouve dans ses propres ressources les moyens de son autosuffisance. L’éducation est la priorité numéro un. À l’époque, la Tanzanie ne produit que 120 diplômés par an. Les premières mesures concrètes d’application de cette politique ne tardent pas à arriver. Les principales industries et sociétés de services sont nationalisées, les impôts augmentés pour une plus grande répartition des richesses et les discriminations raciales abolies. C’est sur le plan de l’agriculture, principal secteur économique du pays, que les changements sont les plus forts. Appelées Ujamaas, c’est-à-dire cofraternités, des communautés villageoises sont organisées sur des principes collectivistes. Des incitations financières encouragent la formation de coopératives.
Pendant ces années, la Tanzanie reçoit l’aide de la Chine, bien qu’étant elle-même en voie de développement. C’est avec le soutien chinois que la ligne de chemin de fer TAZARA de Dar-es-Salaam à la Zambie est construite en 1975

Sa vie durant, il a revendiqué l’unité africaine : « Sans unité, disait il, les peuples d’Afrique n’ont pas de futur, sauf comme perpétuelles et faibles victimes de l’impérialisme et de l’exploitation. ». Dans cette perspective, il tente de convaincre les dirigeants de l’Ouganda, du Kenya à construire avec la Tanzanie unifiée une seule et même Fédération. Ces trois pays ont formé en 1967 l’East Africain Community (Communauté d’Afrique de l’Est) dans le but de constituer à terme un marché économique commun. Les premières coopérations visent notamment à uniformiser la politique des changes et de contrôle des devises. Mais le Kenya, proche des pays occidentaux, s’éloigne de plus en plus de la Tanzanie soutenue par les communistes chinois, et la frontière entre les deux pays est même fermée de 1977 à 1983. En Ouganda, le Président Idi Amin Dada, qui nourrit des ambitions d’expansions territoriales, reproche à son voisin tanzanien d’héberger des opposants à son régime. L’Ouganda attaque la Tanzanie à la fin de l’année 1978, et envahit les environs du lac Victoria. Les Tanzaniens, avec l’aide du matériel militaire chinois, parviennent, au bout de plusieurs mois d’efforts et au prix de lourdes pertes humaines, à reprendre les territoires perdus et occupent même l’Ouganda pendant presque deux ans. Cette guerre a coûté cher, avec des milliers de pertes en vies humaines, des dégâts matériels estimés à environ 500 millions de dollars US.
Sous son impulsion, la Tanzanie donne son appui à la guérilla lumumbiste au Congo et l’OUA établit son siège à Dar es Salaam et plusieurs mouvements de libération ont une représentation en Tanzanie (l’ANC de l’Afrique du Sud, la ZANU du Zimbabwe, la SWAPO de la Namibie, le MPLA d’Angola, le FRELIMO du Mozambique).

Son degré trop élevé du panafricanisme l’amène, en 1965, à rompre les relations avec le Royaume-Uni et expulse hors de son pays les troupes britanniques en réaction au soutien de Londres au régime ségrégationniste Ian Smith en Rhodésie (Zimbabwe), à ouvrir une Ambassade de l’Allemagne Démocratique à Dar es Salam au risque de la fermeture de celle de l’Allemagne Fédérale ( quand ce pays était coupé en deux blocs socialiste et occidental) et de la suspension des aides économiques accordées par certains pays occidentaux. Face à son actif soutien à la libération des territoires sous occupation, les forces coloniales portugaises bombardent le sud de la Tanzanie pour couper les voies d’approvisionnement du FRELIMO mozambicain et des autres mouvements de libération. 
Constatant l’influence démesurée des jeunes armées africaines sur la politique nationale et leur incapacité à lutter contre les intrusions des grandes puissances, le Président Nyerere incite ses collègues chefs d’état à militer pour la construction d’une armée commune aux pays d’Afrique.
Malgré les difficultés économiques de l’époque et l’effet des sanctions économiques, le « Mwalimu » reçoit de nombreux réfugiés venus des pays voisins en guerre ou fuyant le régime d’Amin Dada en Ouganda, des réfugiés politiques ghanéens après le coup d’État de 1966 contre le Président Kwame Nkruma. 
En outre, Julius Nyerere reçoit de nombreuses « figures » du panafricanisme ou de l’anti-impérialisme, telles que Malcolm X, Stokely Carmichael, Cyril Lionel Robert James ou encore Che Guevara,
et adopte une politique d’africanisation de l’administration ne favorisant pas que les seuls Tanzaniens mais ouverte et autorisant l’accès aux emplois publics aux étrangers. Il accorde d’ailleurs la nationalité Tanzanienne à tous les africains désireux de l’être, y compris des réfugiés blancs.
Ami de la Guinée et de son premier Président, feu Ahmed Sekou Toure, l’on se souvient que pour défendre la mémoire de ce dernier, le Président Julius Nyerere a rabroué sèchement un certain capitaine Facinet Toure, quand le tout nouveau ministre des affaires étrangères du CMRN tombeur du régime du Président défunt, s’était lancé dans un violent réquisitoire contre le Président Ahmed Sekou Toure à la tribune du sommet de l’O.U.A à Addis Abeba en juillet 1984.
En 1985, Nyerere, le « mwalimu » choisit, contrairement à l’habitude prise par la plupart des autres chefs d’État africains, de se retirer de la politique, et conserva jusqu’à sa mort en 1999 l’estime de la grande majorité des Tanzaniens et de de la communauté internationale.
C’est Ali Hassan Mwinyi, alors président depuis 1980 de l’archipel de Zanzibar, qui prendra sa succession. 
Croyant pratiquant, l’Église catholique a ouvert sa cause de béatification, au titre duquel il a été déclaré Vénérable. Julius Nyerere le « Mwalimu » Il est fêté le 14 octobre de chaque année.

PAR CONAKRYLEMAG.COM
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