Le fossé semble se creuser davantage entre l’Union des Forces Démocratiques de Guinée de Cellou Dalein Diallo et l’Union des Forces Républicaines de Sidya Touré.
L’UFR, à travers son porte-parole, a réaffirmé ce mercredi 3 juin 2015 qu’elle n’était plus prête à se faire phagocyter par un quelconque parti politique. Face aux prochaines consultations électorales, l’Union des Forces Républicaines estime qu’une troisième voie est possible. Dans cet entretien exclusif accordé à nos confrès d’Africaguinee.com, le porte-parole de l’UFR, Mohamed Tall est revenu sur plusieurs sujets liés à l’actualité politique guinéenne.
MOHAMED TALL : Bonjour Monsieur Diallo !
Votre leader, Monsieur Sidya Touré a déclaré récemment que l’UFR ne soutiendrait pas le candidat de l’UFDG en cas de deuxième tour contre le Président Alpha Condé. Qu’est-ce qui motive cette décision ?
Il n’y a avait pas vraiment de mariage. En 2010, il y a eu une alliance électorale entre l’UFR et l’UFDG, pour soutenir la candidature du président de l’UFDG. Après 2010, l’alliance a disparu de facto. Nous étions dans un regroupement de partis politiques qui se réclamaient de l’opposition, parce qu’il y a eu certaines mutations depuis.
Mais c’est ce regroupement là qu’on animait ensemble et on avait un certain nombre d’objectifs communs et qu’on continue d’ailleurs d’avoir, notamment la transparence et la crédibilité du scrutin.
Mais il faut que les gens arrêtent d’imaginer que l’UFR doit forcément s’allier de façon permanente à un parti politique. Ce n’est pas la vocation de notre parti. Nous sommes un parti ambitieux, qui veut conquérir le pouvoir d’Etat, et nous ne pouvons pas le faire en étant dans le sillage de manière permanente d’un autre parti.
Nous avons affirmé d’une manière claire que nous assumons une position qui va dans le sens des intérêts de l’UFR. C’est tout ce que nous avons fait.
Votre formation politique soutiendrait donc le parti au pouvoir le RPG Arc-en-ciel en cas de second tour ?
Nous n’avons pas dit cela, nous avons dit que nous ne répèterons plus le scénario de 2010. Il y a un certain nombre de possibilités par ailleurs et nous examinerons cela toujours au regard des intérêts de la Guinée et de notre parti.
Que dites-vous de la réaction de l’UFDG qui estime que les propos tenus par Sidya Touré étaient dus à l’humeur ?
La première des choses, c’est que M. Fadiga ne contrôle pas tellement les propos qu’il tient. Il ne s’agit pas d’humeur, il doit avoir plus de respect que cela pour le président de l’UFR. C’est une décision préméditée, réfléchie et conforme aux intérêts de notre parti. Si peut être là où il se trouve, on fait la politique par humeur, par réaction ou par passion, ce n’est pas le cas en ce qui nous concerne.
Deuxième chose, il faut qu’on arrête de faire des relations UFR et UFDG un débat émotionnel. C’est une décision qui a été prise de manière responsable et comme je le dis et le répète, qui va l’intérêt de l’UFR. Si on n’est pas capable de défendre notre intérêt qui le fera à notre place.
Je vous rappelle lorsque le 05 Mai, le président de l’UFDG a décliné l’invitation à la présidence de la République, qu’est-ce qu’il a invoqué comme argument ?
Ce que ses militants, sa base (…), c’était une décision, qui du point de vue du président de l’UFDG était une décision qui préservait les intérêts de l’UFDG. Alors ce qu’on reconnait à l’UFDG, il faudrait de grâce reconnaître les mêmes droits à l’UFR. Nous sommes également ici pour travailler pour notre chapelle, nous voulons conquérir le pouvoir d’Etat de la même manière que l’UFDG.
Alors qu’on arrête de faire croire que notre position naturelle, c’est d’être dans le sillage de l’UFDG. J’ai entendu des déclarations qui disent que l’UFR est plus petite que L’UFDG, tout ça c’est bien (…).
Vous faites allusion à qui ?
Je ne suis pas là pour citer des noms, peut être que vous, en tant que journaliste, vous comprendrez de quoi je parle. Peu importe, l’essentiel pour nous aujourd’hui, c’est de tracer une nouvelle voie, et c’est d’être plus proche de nos intérêts et surtout de tracer une voie médiane qui permettra à la Guinée de s’en sortir. C’est cela notre préoccupation.
Est-ce que ces bisbilles au sein de l’opposition n’ouvriraient pas un boulevard au camp présidentiel lors des prochaines consultations électorales ?
Non, nous voulons sortir de ce schéma de la bipolarisation de la vie politique en Guinée, qui se fait sur fond ethnique, sur fond de débats communautaires, ça ne nous mènera nulle part.
C’est la raison pour laquelle nous souhaitons tracer une troisième voie qui permettrait aux guinéens de se retrouver autour d’un objectif partagé par tous. Nous ne voulons plus vivre dans un environnement de tension permanente. Si ce pays veut aller de l’avant ça se fera avec le concours de l’ensemble des guinéens.
C’est pour cela que je dirai à M. Fadiga d’arrêter de nous prêter des arguments qui ne nous ressemblent pas. Dans sa déclaration ou son interview quand il dit des « raisons invoquées en privée », c’est peut être lui qui invoque ces raisons là en privée, et que c’est peut être sa conviction intime à lui. Mais qu’il l’assume.
Cette guéguerre entre vous et l’UFDG ne risque-t-elle pas d’avoir des conséquences négatives pour l’opposition dans son bras de fer avec le camp présidentiel ?
Nous sommes un parti d’opposition, cela est très clair. Mais nous ne voulons plus continuer à alimenter une situation qui met en opposition ou en confrontation deux grands groupes ethniques du pays. Nous voulons aujourd’hui tendre la main à l’ensemble des guinéens. Notre vocation c’est de rassembler les guinéens.
L’UFR est un parti transversal, nous l’avons dit et nous le répétons. C’est cette voie de rassemblement et d’unité que nous allons proposer aux guinéens pour sortir des extrêmes.
Est-ce que ce n’est pas cette question de candidature unique qui fragilise aujourd’hui l’unité de l’opposition ?
Candidature unique ou pas, l’objectif aujourd’hui c’est d’arriver à changer le régime en place. L’alternance est devenue une question vitale pour l’ensemble des guinéens. Nous voulons sortir du débat ethnique pour poser objectivement le problème des guinéens et de la Guinée.
Et réunir la Guinée dans sa diversité pour que chaque guinéen puisse avoir sa place dans cette société et que les lois de la République soient appliquées pour l’ensemble des guinéens, et sortir de cette situation de confrontation et de toutes les formes de discrimination. Pour qu’on amorce enfin notre développement économique.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’UFR n’a pas un poids électoral considérable et que sans l’UFDG vous n’auriez jamais eu un tel nombre de députés ?
Nous ne sommes pas là pour transformer l’histoire ou jouer la carte de la victimisation à tout vent. Nous sommes là pour trouver une solution de sortie de crise.
Le débat émotionnel, comme je l’ai dit tout à l’heure, n’est pas notre affaire. Ceux qui peuvent créer des émotions ou des situations comme cela, ils peuvent toujours le faire.
Comment l’UFR se prépare pour les élections présidentielles du mois d’octobre prochain ?
Comme je vous l’ai dit l’UFR est un parti fédérateur et d’ouverture. Nous allons nous battre dans le sens de l’unité nationale et ferons tout pour que tous ceux qui sont déçus de ce régime nous rejoignent pour enfin réaliser l’alternance.
Nous ferons comprendre aux guinéens que l’antagonisme ethnique n’est pas la solution.
Nous allons nous adresser aux deux grands groups pour dire que la solution à vos problèmes n’est pas la communauté, mais c’est plutôt dans la résolution objective des problèmes qui se posent aux guinéens.
Ce sera notre cheval de bataille. J’espère que les guinéens fatigués par cinq ans de règne de Alpha Condé comprendront que la vraie solution c’est l’UFR et Sidya Touré.
— conakrylemag